Culture, éducation, justice, information, sciences… Syndeac, le syndicat national des entreprises artistiques et culturelles, organise en 2025 une série de débats pour souligner le rôle et l’importance des services publics dans la société. Une série d’événements dont Libération est partenaire. Prochain débat, «A quand un service public de l’éducation artistique et culturelle ?», le 1er octobre à Sète.
À quoi ressemblent concrètement ces actions ou projets relevant de l’éducation artistique et culturelle, dont «3 élèves sur 4» bénéficieraient, selon les chiffres du ministère de la Culture ? «Au niveau local, ces dispositifs peuvent provenir d’organisations culturelles, d’acteurs locaux et privés, comme d’enseignants motivés, précise Julie Pereira, doctorante en sociologie à Sciences Po, au sein du Centre de recherche sur les inégalités sociales (CRIS). Témoigner d’actions diversifiant les publics fait aussi partie des obligations de mandats de structures financées par de l’argent public, comme les théâtres publics, musées ou orchestres nationaux.»
Philharmonie, Radio France, Opéra de Paris : en région parisienne, certaines grosses institutions culturelles s’impliquent. Julie Pereira a notamment travaillé avec la maîtrise de Radio France, qui a implanté une antenne dans la commune de Bondy, en Seine-Saint-Denis, et y a recruté la moitié de son effectif. «Les familles d’élèves sont aussi invitées à se rendre à différents concerts à Paris — l’occasion de prendre conscience du manque criant de diversité du milieu de la musique classique. Et ce nouveau public a permis de faire évoluer des pratiques pédagogiques qui bénéficient aussi aux élèves des quartiers plus favorisés». En collaboration avec la Philharmonie de Paris, l’orchestre Demos Marseille permet également à une centaine d’enfants des quartiers nord de la ville de découvrir la pratique orchestrale, via des ateliers hebdomadaires se déroulant dans différentes structures et centres sociaux.
Professeure de lettres modernes et doctorante en arts du spectacle, Béatrice Dernis est responsable de l’option théâtre au lycée Paul Valéry, un établissement du centre-ville de Sète qui accueille un public plutôt privilégié. «Il nous semblait dommage que la ville de Jean Vilar ne propose pas d’option théâtre, sourit-elle. Et de 7 élèves, nous sommes aujourd’hui 50 : une croissance qui traduit une vraie demande.» Pensé comme progressif tout du long des trois années de lycée, l’atelier, fruit d’un partenariat avec le Théâtre Molière de Sète et encadré par les dramaturges Fabrice Melquiot et Maude Buinoud, propose de travailler l’écriture, le jeu d’acteur et le regard critique : six spectacles sont prévus dans l’année. «Ce travail au plateau, qui part d’un questionnement sur l’identité et la quête de soi pour ouvrir à une réflexion sur l’altérité via des exercices sur le chœur et la polyphonie, a largement contribué à l’épanouissement et l’aisance orale de certains élèves», raconte encore l’enseignante.
Si l’option a acquis une certaine visibilité, l’équipe déplore un manque de moyens, notamment concernant les sorties extrascolaires : une participation des familles est sollicitée pour se rendre au théâtre, deux spectacles seulement étant pris en charge par le lycée, et deux autres par le pass culture — ce dispositif d’accès aux activités culturelles mis en place en 2019 qui prévoit notamment une enveloppe collective attribuée aux établissements. «Les différents enseignements de spécialité induits par la réforme du bac nous confrontent aussi à des difficultés d’emploi du temps, déplore Béatrice Dernis. Or, quand ils surviennent après une longue journée de cours et de temps de trajet parfois conséquent, difficile de vivre ces ateliers comme la respiration qu’ils ont vocation à insuffler.»