Avec tous les territoires engagés pour des solutions solidaires, le département de la Gironde, la ville de Bordeaux, la fondation Jean-Jaurès, Libération et plus de 60 organisations composant le Pacte du pouvoir de vivre proposent de débattre de six grandes solutions. Qu’elles soient éprouvées ou encore à expérimenter, ces solutions sont autant d’outils mis à la portée de toutes et tous pour tenter de fabriquer ensemble une écologie solidaire. Pour en discuter, rendez-vous le 9 février prochain dans les locaux du département de la Gironde.
Michel Pellefigue, 61 ans, est salarié du secours catholique, et fait circuler en Dordogne un «bus de la fraternité». Il s’agit de rencontrer, écouter les besoins, envies et projets de la population, mais aussi d’offrir des conseils et à l’occasion expliquer quelles démarches effectuer pour sortir d’une impasse.
«Notre association du Secours catholique nous invite à voir les besoins d’une population précaire en situation de grande fragilité. On avait relevé un problème de mobilité et d’isolement social dans nos campagnes. De là est née l’idée de ne pas attendre que ces personnes viennent dans nos locaux, mais d’aller vers eux. Se préoccuper de cet “aller vers”, grâce à un petit camion qui irait à la rencontre des personnes sur les territoires isolés.
«Il s’agit d’un fourgon de plombier Fiat Ducato de 5,40 mètres de long, deux mètres de large, conduit par des bénévoles. On a commencé à tourner dans les villages en décembre 2021. On est allés à la rencontre des maires, du monde associatif, pour savoir où on pouvait stationner le véhicule. On visite des villages entre 500 et 1000 habitants (Saint-Aulaye, Négrondes, Savignac-les-Eglises, Vanxains, Veyssière, ainsi qu’un quartier sensible de Périgueux). Tous les quinze jours, on part avec le petit camion, des tables, des chaises. Le printemps et l’été, on s’installe sur les places des villages. Il faut rompre avec l’isolement, s’asseoir, boire un café. Deux personnes sont dans le bus et deux autres les rejoignent.
«Les gens parlent souvent d’isolement, de leur difficulté à se déplacer, de l’éloignement des services publics, des réseaux santé et pharmacie qui font défaut, bref, de la désertion de la santé. A partir de ces constats, on peut réfléchir pour trouver des réponses à ces besoins. Il nous faut sensibiliser les mairies, mettre en place des initiatives comme le covoiturage, permettre aux gens de s’arranger entre eux. A Saint-Aulaye par exemple, des habitants se regroupent à deux ou trois pour aller faire leurs courses.
«Un jour, un monsieur nous a dit : “je n’étais plus sorti de chez moi depuis des mois”. Cela lui a permis de recréer des liens. Un autre nous a confié : “A la Poste, on vous renvoie sur un ordinateur”. Il n’y a plus de dialogue. Plus de cafés, plus de boulangeries. C’est compliqué de vivre à la campagne. La Cpam (Caisse primaire d’assurance maladie) et l’Udaf (Union départementale des associations familiales) de Dordogne avaient d’ailleurs mis en place un bus numérique pour se familiariser avec l’outil informatique. Toutes les démarches sont faites par internet, alors, forcément, on exclut des gens.»