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En Gironde, la Sécurité sociale de l’alimentation à la recherche de financements

Depuis 2024, le département expérimente avec succès la Sécurité sociale de l’alimentation. L’heure est maintenant à la réflexion pour envisager la suite avant l’arrêt des subventions.

A Lados, la micro-ferme biologique, les Jardins de Bouet, a été conventionné comme producteur à 100% pour la Sécurité sociale de l’alimentation. (Lahcène Abib)
ParEva Fonteneau
correspondante à Bordeaux
Publié le 15/05/2025 à 18h11

Depuis avril 2024, Acclimat’Action (qui milite dans les quartiers populaires pour une transition des modèles alimentaires), la Gironde, la ville de Bordeaux et des citoyens expérimentent la Sécurité sociale de l’alimentation (SSA) dans deux zones urbaines et deux secteurs ruraux du département. Plusieurs centaines de bénéficiaires de tous statuts et de tous revenus perçoivent, pour s’alimenter, une allocation mensuelle équivalente à 150 euros par mois et par foyer, auxquels s’ajoutent 75 euros par personne. L’objectif : l’accessibilité et l’inclusivité, le bien-être au travail, la juste rémunération des producteurs, la localité des produits et la durabilité des pratiques agricoles. La formule s’inspire largement de la création de la sécurité sociale en 1945. Un an plus tard, alors que l’expérimentation touche à sa fin, le département décrit des premiers résultats «très positifs».

«L’allocation pourrait être plus faible»

«Parmi les bénéficiaires, nombre d’entre eux – et ce n’est pas à la marge – nous rapportent avoir transformé radicalement leur manière de s’alimenter. Les personnes en situation de précarité notamment, habituées aux enseignes de hard discount ou aux paniers alimentaires ont diminué la part de produits transformés et augmenté l’achat de produits frais et locaux. Certains d’entre eux ont même constaté un effet positif sur leur santé morale et physique», se réjouit la socialiste Corinne Martinez, élue au département. Plusieurs professionnels des lieux conventionnels assurent par ailleurs avoir développé leur clientèle et la vente de leurs produits en lien avec la SSA.

L’heure est maintenant à la réflexion pour envisager la suite avant l’arrêt des subventions, alors que le modèle économique de la SSA s’appuie en grande partie dessus. «Comme c’était prévu dès le départ, le travail des chercheurs qui documentent l’expérimentation va se poursuivre mais le département aura désormais un rôle consultatif. De fait, l’allocation pourrait être plus faible. Il sera intéressant de voir comment la société civile s’empare de ce projet pour le pérenniser maintenant que la SSA gagne du terrain en France. Déjà, on voit que quelque chose se passe en Gironde, retrace Corinne Martinez. Les bénéficiaires veulent continuer. Ils se sont mis à cotiser plus d’eux-mêmes, ils recherchent des financements. L’élan donné est incroyable. J’ai le sentiment qu’on est spectateur de quelque chose qui est véritablement puissant.»