Conférences et débats, rencontres avec des biologistes, anthropologues, agriculteurs, écrivains… Du 13 au 15 octobre à Rouen, la fédération Biogée organise les journées «Naturellement !». Thématique de cette deuxième édition : les microbiotes, indispensables microbes pour la santé et l’environnement.
Serions-nous devenus trop propres ? Marc-André Selosse, biologiste spécialisé en botanique et mycologie pointe les dangers d’un monde aseptisé et les bienfaits des «bons» microbes (1).
Tout d’abord, pourquoi est-il important de parler de l’hygiène ?
Avant de commencer, un point central : il faut faire la différence entre l’hygiène, quelque chose de médical qui fait que l’on est en bonne santé, et la propreté qui, elle, est relative et plutôt culturelle. En luttant contre tous les microbes dans notre société, la propreté est devenue excessive par rapport à ce que voudrait l’hygiène. Notre environnement est devenu trop stérile. Dans les intestins des Occidentaux, les espèces de microbes sont moitié moins diverses qu’ailleurs ou que par le passé. Pourtant il en existe des nécessaires. Avec cette diminution, certaines enzymes ont disparu, certains processus de régulation n’ont plus cours dans notre corps, et cela contribue au développement fulgurant de nouvelles maladies : diabète, obésité, asthme, allergies, mais aussi maladies auto-immunes, comme la sclérose en plaques, et du système nerveux, comme l’autisme ou Alzheimer. En 2025, ces maladies vont tout de même concerner un Européen sur quatre.
Interview
Face à ce constat, il y a des gestes simples à effectuer ?
Oui, il faut seulement se poser des questions. Est-ce que j’ai vraiment besoin de savons bactéricides, de prendre une douche savonnée tous les jours, de manger des aliments avec des conservateurs, des émulsifiants, des édulcorants ? Etre un petit peu plus «sale», finalement, ce n’est pas mal. Au cours de travaux récents sur le microbiote, des chercheurs se sont rendu compte que réinoculer certains microbes permettait d’améliorer l’état de santé de certains patients. Mais c’est en milieu hospitalier : beaucoup de chemin reste à accomplir. Dire qu’on voit que certaines publicités vantent des produits qui tuent 99,99% des bactéries, alors qu’en réalité, ce n’est pas bon du tout pour la santé!