Il est 15 heures, un samedi après-midi d’octobre, et sur le parking du centre commercial Grand-Tour à Sainte-Eulalie, une petite commune de 4 900 habitants en périphérie de la métropole bordelaise, il faut tourner cinq bonnes minutes avant de trouver une place pour se garer. A l’horizon, un champ de voitures. C’est l’heure de pointe pour aller faire ses courses à l’immense supermarché. Derrière leurs chariots, certains ont fait plus de vingt-cinq minutes de route pour venir remplir leur coffre et tenir le mois.

Un mode de vie et de consommation banal que l’on retrouve un peu partout en France, alors que, face au dérèglement climatique, chacun sait qu’il faudrait moins utiliser sa voiture, privilégier les transports en commun ou le vélo, passer à l’électrique… Beaucoup en parlent, quelques-uns l’envisagent, mais la grande majorité rapporte surtout n’avoir aucune alternative «réaliste». Il faut dire qu’avec l’autoroute et la rocade bordelaise à proximité immédiate, tout est fait pour faciliter ce mode de déplacement. Les seuls bus qui descendent au pied du centre commercial, les cars régionaux 201 et 202, ont des horaires et des lieux d’arrêt limités.

«Pas vraiment la campagne, pas tout à fait la ville… Ici, on se retrouve coincés à tout faire en voiture ou presque», témoigne Lydia, une quadragénaire venue remplir son frigo pour les deux prochaines semaines. «J’habite ici car ça coûte moins cher qu’à Bordeaux. Je n’ai pas la chance d’avoir un tram ou même un bus