Comment les collectivités territoriales font-elles face aux défis environnementaux ? Quels moyens et quelles formations pour intégrer les impératifs écologiques au sein du service public local ? Un dossier réalisé en partenariat avec le Centre national de la fonction publique territoriale à l’occasion du colloque organisé à Bordeaux les 14 et 15 mars.
Plan éco-collège, interventions sur le bâti, restauration scolaire, «guide sobriété» ou cours de cuisine… Alice Giralte, directrice de l’éducation et de la jeunesse, Robin Monnier, directeur général adjoint du Pôle société et citoyenneté et Ari Brodach, directeur de la délégation à la transition écologique, sont les visages verts du département Seine-Saint-Denis. Verbatim à trois voix sur leur action en matière d’alimentation.
«En ce qui concerne la restauration scolaire, on est chargés de financer les établissements. On aimerait en plus participer à la sensibilisation des élèves sur le plan du goût, du bio, d’une alimentation saine. La transition écologique est l’occasion de décliner de nombreuses actions.
«On a créé des liens entre les collèges rénovés et les actions autour de l’écologie. C’est assez facile, car les élèves sont motivés sur ce projet. Le programme “écologie collège” par exemple met l’accent sur l’alimentation durable et la sobriété énergétique. Les équipes éducatives et les élèves sont très moteurs. Des formations pour enseignants sont mises en place, via des ateliers participatifs. On y évoque le recyclage, les enjeux de l’énergie… Tout cela se construit en fonction des appétences des élèves. On traite bien évidemment du gaspillage. Les élèves effectuent eux-mêmes le tri, s’aperçoivent qu’on peut transformer des tonnes de déchets. C’est très concret pour eux.
«Les actions pédagogiques sur l’alimentation durable et l’évolution de la restauration scolaire se font grâce à l’élaboration de recettes. On est tenu de transformer la restauration. L’enjeu est de passer d’un modèle de restauration traditionnel à un modèle de restauration durable. Notre politique d’achat consiste à essayer d’attirer des petits producteurs, de consommer des produits bios locaux… Le deuxième axe consiste à former les gens. On constate une perte de savoir-faire des chefs. On organise des ateliers sur les repas végétariens, ce qui permet de s’interroger sur le bon goût et la qualité, c’est une grosse transformation pour eux. Ils apprennent de nouvelles façons de cuisiner.
«On pratique aussi l’éducation au goût de nos jeunes qui sont plus burger-frites que légumes verts. Dès la crèche, on leur apprend ce que sont les fruits de saison. C’est une démarche participative, via l’élaboration des menus. On a une “commission menus” où viennent les élèves, et ils font des retours sur ce qu’ils ont mangé. On construit avec eux les repas à venir, on traite indirectement des enjeux de surpoids. On sait qu’on n’est jamais parfait. On voudrait faire beaucoup plus de petits sondages pour améliorer les plats, être au plus près de ce qu’ils ont aimé ou pas, maintenir une forte accessibilité à la cantine avec des tarifs gelés de 32 centimes jusqu’à 5,50 euros.
«On ouvre enfin des cours jardinés autour de l’agriculture urbaine. Une vertu de ces activités étant de récupérer des élèves décrocheurs dans le parcours scolaire, au travers de ces activités liées à la nature et l’agriculture urbaine. Les élèves ont besoin de fabriquer des objets. Pour parler de la qualité de l’air, ils ont besoin de voir et de faire, d’avoir des activités concrètes pour que cela fonctionne. Enfin l’environnement compte. Nos collèges peuvent créer des espaces de fraîcheur. Il nous faut transformer nos cours de récréation en oasis, et végétaliser les espaces au maximum.»