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Climat Libé Tour Dunkerque: débat

Energie : «Ni Ben Salmane ni Poutine n’empêcheront le vent de souffler à Dunkerque ou le soleil de rayonner à Toulouse»

Lors du débat du «Crise énergétique et géopolitique : comment agir ?», les deux intervenants se sont unis autour de la nécessité pour l’Union européenne de se libérer de sa dépendance au gaz et de se tourner vers le renouvelable.

Thomas Pellerin-Carlin, directeur du programme Europe à l'Institut de l'économie pour le climat et Damien Carême, eurodéputé EE-LV, à Dunkerque, vendredi 13 octobre. (Denis Allard/Libération)
Publié le 13/10/2023 à 18h23, mis à jour le 14/10/2023 à 13h06
Energie, transports, rénovation durable, végétalisation… En 2023, Libé explore la thématique de la transition écologique lors d’une série de rendez-vous inédits. Objectif : témoigner des enjeux et trouver des solutions au plus près des territoires. Quatrième étape à Dunkerque, les 13, 14 et 15 octobre.

Si la dépendance de l’Union européenne au gaz russe a été illustrée par la guerre en Ukraine, elle ne date pas d’hier. Pendant de longues minutes, Thomas Pellerin-Carlin, directeur du programme Europe à l’Institut de l’économie pour le climat, raconte de ce «choix» délibéré des pays européens, qui a amené depuis deux ans à une augmentation du prix de l’énergie. «Cette crise, on aurait pu l’éviter», lance-t-il. Si le choix de se tourner vers le gaz à l’étranger pouvait se justifier par des prix compétitifs, aujourd’hui, l’argument ne tient plus, expose à ses côtés Damien Carême, eurodéputé Europe Ecologie-les Verts. «C’est un manque d’anticipation politique et stratégique depuis des décennies sur le territoire européen, raconte l’élu. C’est assez absurde qu’on en arrive là aujourd’hui.»

Sur scène, le duo se complète. «On est dépendants de beaucoup de pays pour satisfaire nos besoins en énergie. On aurait pu investir plus massivement dans les énergies renouvelables et dans la sobriété, plutôt que de faire le choix d’aller vers des énergies pas chères», poursuit Damien Carême. «La bonne nouvelle, c’est que nous avons plein d’alternatives à ce gaz importé», répond Thomas Pellerin-Carlin. Les alternatives, ce sont bien entendu les énergies renouvelables. Moins chères et implantées sur le territoire, elles permettraient à la France de redevenir souveraine énergétiquement. «Aujourd’hui, les Russes peuvent nous couper le gaz, les Iraniens et les Saoudiens peuvent couper notre approvisionnement en pétrole. Mais ni Mohammed ben Salmane ni Vladimir Poutine ne pourront empêcher le vent de souffler à Dunkerque ou le soleil de rayonner à Toulouse», argumente Thomas Pellerin-Carlin. Et Damien Carême d’acquiescer : «Il est temps de mettre les moyens, et de prendre la bonne direction, car dans quelque temps, on ne l’aura plus.»

Il est 17 h 45, la pluie et le vent battent les vitres de la Halle aux sucres. La première journée de cette nouvelle étape du Climat Libé Tour s’achève. Rendez-vous demain matin à 10 heures pour de nouvelles tables rondes.