Energie, transports, rénovation durable, végétalisation… En 2023, Libé explore la thématique de la transition écologique lors d’une série de rendez-vous inédits. Objectif : témoigner des enjeux et trouver des solutions au plus près des territoires. Quatrième étape à Dunkerque, les 13, 14 et 15 octobre.
Bientôt, à Dunkerque, une énergie solaire d’origine citoyenne devrait être produite sur les toits du quartier de Rosendaël, et consommée sur place. Le projet, porté par le collectif DK Watt, va bientôt entrer dans une phase active, précise Géry Champagne, coprésident et militant EE-LV. L’association a obtenu le financement des études techniques et juridiques préliminaires de sa centrale, pour 61 700 euros, dans le cadre de Territoires d’innovation, un programme de la Banque des territoires. DK Watt a déjà repéré la toiture de la maison de quartier, au potentiel intéressant, 300 m2 plein sud. Elle s’appuie sur le cadastre des toits solarisables recensés par la communauté urbaine de Dunkerque (CUD), mais fait aussi du repérage. Anne Le Floch, la secrétaire du collectif, a par exemple remarqué le toit d’un local associatif de 900m², bon candidat potentiel.
Une fois le projet ficelé techniquement, il va falloir entrer dans le dur : l’appel à souscription, pour payer les travaux, entre 80 000 et 120 000 euros pour les 300 m2 de Rosendaël, avec une rentabilité de l’investissement financier de l’ordre d’un livret A, estime Géry Champagne. Le modèle n’est pas spéculatif : d’ailleurs, pour être viable, il n’est pas possible de louer les toits à leurs propriétaires, sauf à l’euro symbolique. L’association vise donc les bâtiments municipaux ou associatifs. Il lui faut aussi vérifier la longévité de l’usage de ces immeubles : une centrale photovoltaïque, c’est un engagement de trente ans, sa durée de vie.
Ensuite, il faudra trouver les clients intéressés : un circuit court de l’électricité, indépendant des marchés, avec tarif stable garanti, même s’il est un peu plus cher. Ce premier toit ne sera qu’un début, car pour Nicolas Hernigou, gérant de Cohérence Energies, qui a déjà suivi des projets similaires, «il faut avoir un portefeuille de toits, et diversifier les risques». Une tempête ou de la grêle, par exemple, ne doivent pas empêcher de produire. Il croit à ce modèle, «vertueux, qui ne passe pas par un fournisseur, avec une vente directe de l’énergie à l’échelle locale».
Autre argument, le solaire n’est pas si simple en mode individuel, explique Géry Champagne, de DK Watt : «Dans un habitat relativement dense, avec des maisons de ville, l’orientation des toitures est rarement bonne, avec des ombres portées des immeubles autour.» Il vaut donc mieux s’organiser en autoconsommation collective. «On donne ainsi la possibilité aux gens de s’impliquer sur des questions énergétiques sans rester contraints à leur propre toit», sourit-il. Car le but de l’association, c’est aussi cela : faire connaître les alternatives énergétiques et en débattre. Pour Jean-François Montagne, maire adjoint de Rosendaël, et vice-président à la CUD chargé de la transition écologique, c’est le vrai intérêt de DK Watt, qui n’aura qu’une production électrique faible par rapport aux besoins de ce bassin industriel : «Les dialogues de pair à pair, les yeux dans les yeux, j’y crois : ils arrivent à emporter l’adhésion des citoyens, qui reprennent la main sur ces sujets.»