Menu
Libération
Climat Libé Tour Bourges : tribune

Engageons la bataille culturelle pour la nature et le climat

Climat Libé Tourdossier
Si la culture n’est pas la filière d’activité la plus polluante, les artistes, responsables et techniciens ont un rôle crucial à jouer dans l’impérieuse transition écologique.
Performance de la compagnie de théâtre australienne Legs On The Wall pour alerter sur le réchauffement climatique, à Londres le 24 août 2024. (Avalon /Abaca)
par Frédéric Hocquard
publié le 3 avril 2025 à 9h36

Le climat se dérègle. On étouffe, on s’étouffe, la nature agonise. Chaque année, nous guettons avec une appréhension grandissante l’arrivée de l’été en se disant, que cette fois encore, on va crever de chaud… Ou prendre des torrents de grêle sur la tête, comme c’est maintenant régulièrement le cas lors des festivals estivaux. Face à cela, que peut la culture pour le climat ? Beaucoup.

D’abord, parce que l’art et les artistes ont toujours joué un rôle d’alerte et d’éveil. Parfois en proposant de nouveaux imaginaires célébrant l’union de l’humanité à la nature ; surtout en contestant l’ordre établi et les dérives de nos sociétés. L’art est un principe actif. Et celles et ceux qui le pratiquent n’ont d’ailleurs souvent pas attendu les responsables politiques pour s’engager dans des combats pour le climat. Ces dernières années, nos imaginaires ont été marqués par les œuvres de stars de la scène contemporaine, d’Olafur Eliasson à Bansky en passant par Lorenzo Quinn, s’exposant dans les grandes capitales internationales pour mettre en scène de façon spectaculaire le péril climatique. Aujourd’hui, avec Bourges 2028, capitale européenne de la culture, nous avons l’ambition de porter cette création qui fait face à l’urgence climatique dans les villes et territoires à taille humaine, là où peuvent s’inventer de nouvelles alliances entre artistes, citoyens, agriculteurs, là où notre avenir se joue. Aujourd’hui, plus que jamais, nous avons besoin d’eux pour éveiller les consciences et engager la bifurcation nécessaire à notre survie.

Ensuite, en montrant l’exemple. Si elle n’est pas la filière d’activité humaine la plus polluante, la culture doit prendre toute sa part de l’impérieuse transition climatique. Mais à sa manière, en exprimant sa créativité et son envie de faire autrement. Pour les transports ou l’alimentation, l’enjeu va être de réduire, de tempérer, de supprimer… Apprendre à manger moins de viande, se séparer de sa voiture ou n’utiliser l’avion que de manière exceptionnelle, privilégier les productions agricoles qui consomment moins d’eau… Bref, réduire, faire preuve de sobriété.

Nous ne pouvons pas réduire la culture. Elle est un bien trop essentiel à l’humanité pour que nous acceptions moins de culture, moins d’artistes, moins de pratiques artistiques amatrices. Il va donc falloir apprendre à faire autrement, à préférer la poésie du train à la rapidité de l’avion, à ne plus faire des tournées mondiales avec 60 semi-remorques, à bannir le plastique à usage unique dans les concerts et les clubs…

D’année en année, la mobilisation du secteur culturel s’étend et se propage. Des microfestivals locaux aux établissements phares, des initiatives individuelles aux mobilisations collectives, les artistes et les équipes techniques cherchent et trouvent de nouvelles façons de créer et de partager les émotions de la culture. Notre ambition, c’est de faire de Bourges 2028 la première capitale européenne de la culture écologique, la démonstration d’un savoir-faire français et européen en matière de création et d’événementiel responsable !

Pendant un an, nous accueillerons près de trois millions de visiteurs venus de tout le continent, qui participeront à des centaines d’événements artistiques : l’occasion ou jamais de démontrer que la culture est un facteur durable de fabrication de commun et d’émancipation !