Rencontres, débats, Ciné débat et animations pédagogiques... L’édition 2025 du festival «Naturellement!», organisé par la Fédération Biogée du 3 au 5 octobre, aura pour thème «Quelle alimentation pour la santé de demain ?»
Nous assistons actuellement à une véritable cacophonie en matière de recommandations alimentaires. Il suffit d’écouter ou de lire n’importe quel média pour découvrir des méthodes plus miraculeuses les unes que les autres, souvent portées par des influenceurs autoproclamés experts.
La seule question nutritionnelle fait, à elle seule, l’objet de nombreux débats. Ce qui est juste aujourd’hui devient faux le lendemain. Et si l’on considère d’autres enjeux, tels que les enjeux écologiques et toxicologiques, on finit alors par en perdre son latin.
Prenons l’exemple du saumon. Il s’agit d’un poisson particulièrement riche en oméga 3 à longue chaîne, des acides gras essentiels à la régulation de l’inflammation et à la souplesse des membranes cellulaires, dont 98 % de la population française est déficitaire. Recommander d’en manger 1 à 2 fois par semaine apparaît donc comme un conseil pertinent.
Si l’on s’intéresse maintenant au critère toxicologique, la donne change. Le saumon est en effet un poisson fortement vecteur de contaminants présents dans les océans, comme le méthylmercure, les dioxines, les PCB ou les retardateurs de flammes. Selon son origine – sauvage, d’élevage conventionnel ou bio – les contaminants diffèrent, mais aucune n’est idéale. Le choix sera donc un choix par défaut.
Sur le versant écologique, la quantité de poissons nécessaire pour satisfaire l’appétit des saumons (environ 3 kg de poissons sauvages sont nécessaires pour produire 1 kg de saumon d’élevage) et l’impact de leur élevage sur l’environnement apparaissent peu compatibles avec les enjeux actuels et futurs. En vingt ans, la production annuelle issue de l’élevage est passée de 27 000 à plus de 1 million de tonnes, altérant ainsi fortement la biodiversité à proximité en créant notamment des conditions anoxiques.
Rajoutez enfin le critère éthique : au regard des conditions de vie des saumons dans les piscicultures ayant recours à l’élevage intensif, manger ces poissons plusieurs fois par semaine ne peut être considéré comme une démarche vertueuse.
En conclusion de cet exemple, que penser du saumon ? Qu’il s’agit d’un poisson qui, bien qu’intéressant au niveau nutritionnel, mérite d’être consommé de manière occasionnelle et en veillant à son origine. Nous pourrions ainsi poursuivre les exemples, à l’image de l’avocat, des noix de cajou, du chocolat ou du café.
Pourtant, derrière cette apparente complexité se dessine une nécessaire convergence. Certes, si les experts restent cloisonnés dans leurs disciplines respectives – nutritionnistes d’un côté, toxicologues de l’autre, écologues ailleurs –, la cacophonie risque de perdurer. La détermination de solutions résilientes face aux enjeux alimentaires actuels et futurs nécessite en effet une approche systémique, intégrant ces trois dimensions.
Bien éloigné des régimes miracles, il existe déjà des recommandations, vertueuses à bien des égards malgré leur simplicité, de mieux en mieux étayées par la science et fondées sur ce que l’on peut appeler communément du «bon sens» : privilégier une alimentation composée en majorité d’aliments bruts (donc pauvre en produits ultratransformés représentant désormais environ 30 % des apports caloriques quotidiens en France), d’origine locale via des filières courtes, de saison et issus de filières limitant les intrants chimiques.
Selon les régions du monde, la composition de ce modèle variera bien entendu. En France, le modèle d’inspiration méditerranéenne est non seulement le modèle dont les effets bénéfiques sur la santé sont les mieux documentés, mais il représente également une solution compatible avec les autres enjeux toxicologiques et écologiques, dès lors que les choix alimentaires sont ciblés et respectent une approche de type flexitarienne.
En pratique : favoriser les aliments riches en fruits et légumes frais, en épices et aromates, limiter les produits animaux issus d’élevage intensif au profit de viandes issues d’animaux nourris à l’herbe et en quantité modérée, de la volaille fermière, des œufs, du poisson (notamment des petits poissons gras comme les sardines ou les maquereaux), de l’huile d’olive, des oléagineux comme les noix, noisettes et amandes européennes, des légumineuses, des produits céréaliers complets et des aliments fermentés.
En conclusion, le sujet mérite que l’on se concentre sur le verre à moitié plein. Que l’on parle d’enjeux nutritionnels, écologiques ou toxicologiques, des solutions existent. Et, point très rassurant, elles convergent.