Les 26 et 27 janvier, Libération coconstruit Place à demain avec les moins de 30 ans. Un événement dédié à l’écoute de la jeunesse et ouvert aux débats entre toutes les générations. Une soirée et une journée de rencontres gratuites, au Théâtre du Nord et en partenariat avec la Métropole européenne de Lille, le Théâtre du Nord, la CCI Grand Lille Hauts-de-France, l’université de Lille, la Voix du Nord et BFM Grand Lille. Entrée libre sur inscription.
«J’aime bien mon taf mais bon, je ne ferai pas ça toute ma vie !» Combien d’amis de 25, 30 ans autour de moi me disent ça ? Quasi tous et toutes. La crise Covid l’a montré. A la suite du premier confinement, 58 % des actifs en emploi ont eu au moins un projet de changement de vie professionnelle (baromètre Elabe pour l’Unédic de décembre 2021). L’heure est à la déconstruction de systèmes en place : patriarcat, hypercapitalisme, surexploitation des ressources, racisme, validisme, etc. Ma génération ne veut plus de ces modèles de domination d’une poignée d’individus qui exploitent et abîment le monde et l’humanité. Faire carrière n’a plus de sens si c’est au détriment de la planète et de ses habitants.
Incompatibilité avec le productivisme capitaliste
La grande complexité de notre temps est alors de conjuguer le triptyque suivant : épanouissement personnel, revenu financier nécessaire, respect de l’homme et de la planète. Mais c’est loin d’être simple. Combien d’entreprises respectent actuellement ce triptyque ? Rien que dans le CAC 40 : aucune. Le productivisme capitaliste n’est pas compatible avec une planète aux ressources finies et le respect du vivant. Le mouvement des «bifurqueurs» de 2022 (ces étudiants et étudiantes qui appellent à déserter les métiers traditionnels) montre bien la dissonance qu’il y a entre les métiers disponibles et les valeurs des potentielles recrues.
Cherchons l’harmonie du triptyque : épanouissement, finance, sens. Si je prends mon exemple personnel, mon premier job cochait assez bien les deux premiers axes mais pas le troisième. J’étais ingénieur produit pour une grande enseigne d’articles de sport. Fort du constat qu’aucun job ne peut m’offrir le respect de mes valeurs personnelles, j’ai décidé de quitter le confort pour partir d’une feuille blanche et créer mon propre job.
Projet d’économie circulaire et solidaire
J’ai gardé les ingrédients qui me plaisaient : créer un produit et une nouvelle manière de le fabriquer. J’y ai ajouté ou modifié ce qui me manquait : utiliser des matières existantes plutôt que du neuf, participer à des emplois solidaires locaux plutôt que produire à l’autre bout du monde, ne plus être qu’ingénieur mais aussi être un communicant, un commerçant, un RH. J’ai ainsi entrepris un projet d’économie circulaire et solidaire, chez moi à Roubaix. Et ainsi j’aime ce que je fais au quotidien, j’en vis et je participe au monde auquel j’aspire. Et cela n’a pas de prix.
Etant donné que nous sommes tous.tes uniques, plutôt que de demander aux enfants : «Tu veux faire quoi comme métier plus tard ?» Demandons leur plutôt : «Quel métier souhaiterais-tu inventer ?»