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Climat Libé Tour Dunkerque: tribune

Faire face aux défis

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La transformation écologique de l’industrie se fera avec les travailleurs ou ne se fera pas. Par Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT.
«L'Aciérie à Charleroi», (1897), peinture de Maximilien Luce. (Maximilien Luce/La Collection)
par Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT
publié le 11 octobre 2023 à 16h21
(mis à jour le 13 octobre 2023 à 14h17)
Energie, transports, rénovation durable, végétalisation… En 2023, Libé explore la thématique de la transition écologique lors d’une série de rendez-vous inédits. Objectif : témoigner des enjeux et trouver des solutions au plus près des territoires. Quatrième étape à Dunkerque, les 13, 14 et 15 octobre.

La transformation écologique de notre modèle de développement est un impératif social, économique et environnemental. Il est grand temps que cette réalité incontournable – en particulier pour de nombreux travailleurs en France et dans le monde – soit l’objet d’un véritable débat citoyen et de décisions courageuses. C’est un défi immense qui impose une mobilisation inédite, une grande lucidité, et des engagements de moyen et long termes.

Faire face à ce défi, c’est d’abord reconnaître que seule une transition juste est soutenable et acceptable, impliquant notamment une répartition équitable du coût et des efforts.

Faire face à ce défi, c’est installer cette transformation au cœur des politiques publiques. Elle ne peut pas être conduite seulement par à-coups, en marge de priorités de court terme jugées plus urgentes.

En ce qui concerne l’industrie en France et en Europe, la question clé est : quelle réindustrialisation au service de la transformation écologique et comment ?

Nous projeter sur le temps long

La CFDT a mené, avec la Fondation pour la nature et l’homme (FNH) et l’appui de Syndex, une étude sur l’avenir de la filière automobile, qui est présente dans de nombreux territoires. Répondre au défi climatique et créer de l’emploi pérenne dans ce secteur, est-ce possible ? La réponse est oui. Avec une accélération du passage à l’électrique, l’activation des leviers de sobriété et la construction d’une filière intégrée batterie-véhicules-moteur-recyclage, le scénario retenu par FNH et la CFDT permet de freiner dans un premier temps les suppressions d’emploi puis de créer des postes dès 2035 : +33 % d’emplois dans un secteur qui en perdait inexorablement depuis des années avec un impact positif sur l’ensemble de la filière.

Transformer notre manière de produire, produire mieux au service des besoins sociaux et sociétaux (mobilité, alimentation, énergie, santé, bâtiment…) est l’objectif. Pour l’atteindre, nous devons nous projeter sur le temps long, articuler anticipation et adaptation aux changements climatiques.

La puissance publique joue évidemment un rôle essentiel pour orienter, inciter, fixer des règles du jeu. Mais il est de la responsabilité des entreprises de construire des choix stratégiques qui garantissent la pérennité de leur intérêt social à moyen et long termes. Dans ce domaine, comme dans d’autres, aller plus loin dans la reconnaissance du travail, dans la gouvernance des entreprises, aller vers la codétermination serait un signal fort d’une transition juste.

Associer les travailleurs aux décisions

Sans un dialogue social loyal et respectueux à tous les niveaux, le risque est grand que la transition soit contestée socialement. La condition de la réussite, c’est d’associer les travailleurs aux décisions qui les concernent et de faire des travailleurs des acteurs de ces évolutions.

La transformation écologique de l’industrie se fera avec les travailleurs ou ne se fera pas. Ils sont au cœur de cette transformation qui touche les emplois, les compétences collectives, les conditions de travail, l’organisation du travail, le pouvoir d’achat, le sens du travail. Les parcours professionnels (évolution des métiers, reconversions et transitions professionnelles) et la participation des travailleurs aux choix stratégiques sont deux chantiers clés dont personne ne pourra faire l’économie.