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Tour d’horizon

Festival du film d’Autrans : le vent des montagnes

A l'heure de l'aventuredossier
Retour sur la quarantième édition du festival du film de montagne qui s’est achevée ce dimanche 3 décembre dans le massif du Vercors.
«Mongolie, la vallée des ours» est un un documentaire aux paysages grandioses dans lequel le cinéaste Hamid Sardar raconte la vie dans la taïga perturbée par l’arrivée des plantigrades venus de Russie. (DR)
publié le 4 décembre 2023 à 17h41

Que retenir d’un festival ? Des découvertes, des rencontres, des surprises… A L’heure où s’achève (sous la neige) la quarantième édition du festival international du film de montagne d’Autrans (qui, l’année prochaine, doté d’un nouveau logo, s’intitulera Festival international Autrans Montagne, cinéma et culture), on peine à faire le tri parmi les quelque 89 films sélectionnés cette année sous la houlette de sa directrice, Anne Farrer. Longs métrages, documentaires ou films d’animation ; formats allant d’une heure trente à trois minutes ; performances mêlant dessins et chants ; débats, expos photos et ateliers ; histoires du bout du monde ou intimistes documentaires sur la vie de bergers jurassiens en transhumance… Tour d’horizon impressionniste.

Patinoires de quartier et chasseur taiseux

Dans la série documentaires, quelques pépites déjà repérées lors de précédents festivals comme l’impressionnant Nuptse, l’inaccessible absolu, un film de Hugo Clouzeau qui suit un groupe d’alpinistes dans leurs tentatives d’ascension d’un sommet himalayen – il a reçu samedi soir le prix Alpinisme. Mongolie, la vallée des ours, un documentaire aux paysages grandioses, dans lequel le cinéaste Hamid Sardar raconte le quotidien des nomades perturbé par l’arrivée des plantigrades venus de Russie. Grand prix du public !

A noter également les Joueurs d’hiver de Guillaume Duval, un beau documentaire sur les patinoires de quartier au Québec, lieux de rencontre et de partage (Grand Prix du festival). Autre réussite, le très subtil Fils du chasseur de Juliette Riccaboni. L’histoire de Samir, 26 ans, un garçon cherchant à créer un lien intime avec son père, chasseur taiseux et autoritaire, qui l’a abandonné alors qu’il était enfant. Un film sensible et pudique, dans le cadre des Alpes valaisannes. Prix Médiadoc (récompensant les documentaires créés par ou pour la télévision, Libération faisant partie du jury). Autre réalisation primée : Des quartiers au sommet, ou l’atypique cordée de gamins de banlieues à l‘assaut du Monte Cinto en Corse. Et l’occasion de recroiser un de leurs accompagnateurs, Nadir Dendoune.

«Avancer, toujours plus loin»

On retiendra également : la rencontre avec Benjamin Vedrines, alpiniste surdoué venu présenter son film sur le Broadpeak et le K2 (Libé l’avait rencontré il y a quelques mois) ou Lionel Daudet, président du jury, alpiniste et écrivain engagé dans la défense écologique des montagnes ; la présence aux rendez-vous littéraires de Clara Arnaud, autrice de Et vous passerez comme des vents fous, de Jean-Michel Asselin ou du dessinateur Edmond Baudoin présentant son dernier livre, Inuit (réalisé avec Troubs), sur son voyage dans deux territoires du grand Nord, le Labrador et le Nunavut. Un périple poétique dans des régions isolées dont le public du festival a eu un étonnant aperçu à travers une soirée mêlant dessins (peints en direct), chants et extraits d’un documentaire (de Vincent Marie) réalisé durant leur voyage.

«Avancer, toujours plus loin.» Tels étaient les mots de conclusion de Reinhold Messner dans le documentaire de 1985 Gasherbrum, la montagne lumineuse diffusé samedi 2 décembre au soir. Les festivaliers d’Autrans (réalisateurs, alpinistes ou écrivains) étaient visiblement, en 2023, toujours sur la même ligne.