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Libération
Festival du film de montagne d'Autrans: rencontre

«On veut continuer à rêver, avant tout»

Une saison à la montagnedossier
Anne Farrer, directrice du festival qui se déroule à Autrans (Isère) du 29 novembre au 3 décembre 2023, détaille le programme de l’événement qui fête sa 40e édition.
Image extraite du film «Wild Summon» de Karni Arieli et Saul Freed, présenté au festival du film international de montagne. (Autour de minuit)
publié le 10 novembre 2023 à 16h05
(mis à jour le 2 décembre 2023 à 18h35)

«40 ans, c’est assez marquant pour un festival dans le Vercors, se réjouit sa directrice Anne Farrer. Le thème choisi pour cet anniversaire est «Repères». On voulait une thématique tournée vers le futur sans tomber dans la nostalgie, mais plutôt poser des questions comme : Comment envisager la suite ?

«Nous allons organiser une soirée autour des grandes figures auxquelles tous les alpinistes font référence – qui s’appellera nos «re-pères»- avec notamment un film sur Maurice Baquet, décédé en juillet 2005. Il était violoncelliste, acteur, excellent grimpeur et fantaisiste…

Trail pieds nus

«Une autre séance est prévue avec les jeunes alpinistes qui ont fait en février une «directissime» dans les Grandes Jorasses. Durant cette même soirée, on projettera le Chant de la glace de Thibault Cattelain, avec François Damilano qui retrace l’histoire récente de cette discipline qu’est la cascade de glace.

«Une rencontre littéraire se déroulera avec l’autrice Justine Niogret, qui a écrit sur l’expédition Aurora qui a eu lieu en 1911. Elle y évoque notamment la question de l’engagement. En parallèle, est organisée une exposition sur l’exploration française et les premières expéditions polaires autour d’un fond d’archive présenté durant le festival.

«Au total 89 films vont être projetés. Dans la section documentaire, fiction et animation, on ne manquera pas le long métrage Wild Summon de Karni Arieli et Saul Freed, qui mélange prises de vues réelles et animées des saumons et de leur migration. Dans la catégorie documentaire, sport ethnologie, on pourra découvrir une course en trail en Italie pieds nus, la Course des gitans, un film qui questionne sur la religion et la tradition autour d’un rite ancestral qui consiste à dévaler une montagne de cailloux… L’arrivée de la course se fait dans une église, les participants se jettent au sol au pied de la Madone. De quoi méditer les questions anthropologiques et spirituelles !

Allier pratique et discours

«Autre genre exploré avec Mongolie, la vallée des ours, de Hamid Sardar ou encore Cap sur El Cap, de Sebastien Berthe et Soline Kentzel, autour de ces alpinistes un peu roots qui vont grimper dans le Yosemite mais se servent d’un bateau pour se rendre à pied d’œuvre. Un moyen de transport qui donne du sens à leur projet avec une préoccupation écologique en toile de fond.

«La notion d’urgence environnementale est d’ailleurs présente dans tous les films. Ainsi, avec Chronoception de Guillaume Broust, une expédition au Kirghizistan à pied, avec des aventuriers qui prennent leur temps. Cette approche plus douce, ce questionnement positif, cette volonté d’allier pratique et discours ne peuvent que faire évoluer les choses positivement. A quoi tient-on vraiment ? Quels sont les repères à suivre ?

«Parmi nos invités, il y aura l’écrivain voyageur Cédric Gras pour son ouvrage les Alpinistes de Mao, Jean-Michel Asselin pour Un mensonge à l’Everest, Clara Arnaud, autrice d’Et vous passerez comme des vents fous, un atelier avec Guillaume Desmurs qui, dans un récit positif essaie de trouver des solutions pour les stations de sport d’hiver. Ou comment imaginer la montagne de demain avec les repères d’aujourd’hui…

«L’affiche du festival montre un zèbre sur un iceberg ; dans tous les films les gens parlent de cela. Le réchauffement est là, alors qu’est-ce qu’on fait aujourd’hui ? Qu’est-ce qu’on va faire demain ? On veut continuer à rêver, avant tout»