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Rencontre

Festival Nuits sonores : Canblaster tape sur le système

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Emancipé du collectif Club Cheval, Cédric Steffens sort un premier album étiré entre les époques et les technologies, le son et l’image, la pop et la culture japonaise. Rencontre dans son studio parisien.
Ancien du collectif Club Cheval, Canblaster sort son premier album solo. ( Remy Wyart)
publié le 3 mai 2024 à 1h27

Cet article a été publié en partenariat avec le festival Nuits sonores.

Il est 20 heures et les trottoirs deviennent impraticables. Les tables sont sorties, se recouvrent de pintes de bière, les files d’attente gonflent devant des présentoirs garnis de zlabia, de dattes ou de chebakia. Entre les beaux jours qui reviennent, l’imminence du ftour et les derniers travailleurs diurnes en transit, le quartier parisien d’Oberkampf bouillonne comme rarement. C’est à cette heure précise, pourtant, que Canblaster s’éloigne tous les soirs du vacarme pour entrer dans un bâtiment vitré. Il s’enfonce au sous-sol par un escalier et franchit une porte qu’il ferme derrière lui. Au calme, il peut alors entendre ce silence bourdonnant, reconnaissable entre mille : celui que l’oreille humaine capte lorsqu’elle pénètre dans un studio d’enregistrement, juste avant qu’elle ne s’habitue à l’isolement et que les derniers échos de l’effervescence soient dissipés. «C’est la nuit que l’on peut vraiment atteindre un état de non-conscience, explique le musicien devant la grande table de mixage. C’est un moment spécial. Il n’y a plus d’interférences extérieures, c’est la fatigue qui m’arrête, rien d’autre. Les musiques électroniques mobilisent l’imaginaire, aident à couper avec la réalité.»

Il n’est jamais complètement seul. Des dizaines de claviers, ici empilés, là accrochés au mur, un magnétophone à bandes, des