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Solutions solidaires: initiative

Gaz à effet de serre : La Rochelle et sa mission zéro émissions

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La ville et ses environs, depuis 2019, tentent de devenir la première agglomération zéro carbone de France. Articulée autour de sept axes, du tourisme aux industries, l’ambition reflète surtout la nécessité des expérimentations locales.
Le projet, qui coûte plus de 82 millions d’euros, est financé par la collaboration de l’Etat, de partenaires privés ou publics tels que la région ou l’Agence de la transition écologique. (Manuel Cohen/AFP)
publié le 18 octobre 2023 à 14h55
Comment réinventer une gouvernance qui fait la part belle aux coopérations entre Etat, collectivités territoriales, associations, entreprises et citoyens ? Quelle place alors pour cette France qui essaie ? Rendez-vous le 26 octobre prochain au Conseil économique, social et environnemental. Evénement réalisé en partenariat avec l’association Départements solidaires, le département de la Gironde et la Fondation Jean-Jaurès. Inscription gratuite : cliquez ici.

Faire de La Rochelle la première agglomération zéro carbone d’ici 2040. Cet objectif ambitieux, la collectivité le poursuit depuis 2019, l’année durant laquelle elle a remporté un appel à projet lancé par le gouvernement baptisé Territoire d’innovation et reconnu «d’intérêt général». L’agglo charentaise-maritime était alors partie d’un constat : le littoral est particulièrement sensible à l’érosion des côtes et à la montée du niveau des océans, et ce phénomène est amplifié par le réchauffement climatique. «Il ne faut pas perdre de vue le traumatisme qu’a subi la région avec la tempête Xynthia en 2010. Cet évènement a sans conteste accéléré la prise de conscience des enjeux environnementaux, et nous amène aujourd’hui à vouloir ouvrir la voie, pour inspirer d’autres territoires», analyse Gérard Blanchard, vice-président de la communauté d’agglomération de La Rochelle et enseignant-chercheur spécialiste des écosystèmes côtiers. Si elle atteint ses objectifs, la collectivité, regroupant 175 000 habitants, devancerait en effet les préconisations du Giec qui estime qu’il faut atteindre la neutralité carbone en 2050 pour limiter à +1,5 °C le réchauffement du climat.

«La réalité, précisent toutefois d’emblée les différents acteurs du projet (communauté d’agglomération, ville, université, Atlantech et Port Atlantique), c’est qu’il est impossible de ne plus émettre une seule molécule de carbone. On peut par contre contrebalancer les émissions par des actions qui piègent cet important gaz à effet de serre.» Pour ce faire, la feuille de route contient 70 actions, articulées autour de sept axes : la rénovation du bâti et la construction ; l’écologie industrielle ; la mobilité ; les énergies renouvelables ; la transformation sociétale et les changements de comportements ; la transition agroécologique et alimentaire et enfin le développement d’un tourisme durable. «Ces actions ne se suffisent pas en elles-mêmes mais elles permettent d’expérimenter concrètement des solutions. On voit ce qui marche ou pas puis si ça marche, on l’étend à d’autres zones», détaille Gérard Blanchard en charge du projet.

Participation citoyenne

Précurseur en France, le territoire rochelais est par exemple le premier à avoir créé une «coopérative locale» du carbone. Elle accompagne les porteurs de projets pour les aider à réduire leurs émissions : du particulier qui transforme son chauffage au gaz en un système par géothermie, à une entreprise qui change son process industriel. L’objectif : créer une dynamique vertueuse sur le territoire. Parmi les autres actions, les chercheurs de La Rochelle Université travaillent aussi à l’optimisation de la capacité de stockage des puits de carbone bleus (océans, marais, etc.). La chasse au carbone passe également par la transformation des passoires énergétiques, le développement des mobilités alternatives, la création d’une ombrière photovoltaïque sur un parking…

Particularité de cette expérimentation collaborative chiffrée à plus de 82 millions d’euros (financée par l’Etat, des partenaires privés ou publics tels que la région ou l’Agence de la transition écologique), la multiplicité des acteurs mobilisés. En plus des collectivités, des services publics ou des associations, le projet fait la part belle à la participation citoyenne. C’est dans ce sens qu’elle a créé un comité citoyen en 2021. Il regroupe 30 habitants recrutés via un appel à candidature public. Ils se rencontrent toutes les six semaines afin de donner leur avis sur les actions mises en place. Gérard Blanchard le concède : «Certains regrettent le peu de marge de manœuvre. C’est toujours la difficulté quand tout est verrouillé d’avance, avec des sommes allouées au centime près. On essaie aujourd’hui de rectifier le tir en leur laissant plus de liberté et de pouvoir d’agir.»