Libération, partenaire du cycle de conférences «Qu’est-ce que la vie ?» (de septembre 2022 à janvier 2023) organisé par la Cité des sciences et de l’industrie, proposera régulièrement articles, interviews et tribunes sur les sujets abordés. Retour sur la conférence de Frans de Waal le 30 septembre.
Frans de Waal est primatologue et biologiste. Il s’intéresse à la question du genre chez les singes. Professeur à Atlanta aux Etats-Unis et à Utrecht, aux Pays-Bas, il explique : «Chez les singes, mâles et femelles se comportent différemment. Il faut interroger le rôle de la biologie et bien sûr de la culture. L’inné ou l’acquis ? Il n’y a pas de certitude. Dans tout ce qu’on fait, les deux sont toujours impliqués. Tout est influencé par l’environnement et le contexte social. Il y a des comportements homosexuels, des animaux atypiques et transgenres. On a toutes les variabilités qu’on trouve dans le système humain. Le problème de la domination du mâle vis-à-vis de la femelle, c’est que souvent le mâle est physiquement dominant. Mais pour ce qui est du pouvoir social, par exemple, les femelles sont dominantes chez les bonobos. On trouve des mâles et des femelles alpha.»
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Revenant sur les questions de genres, l’universitaire souligne que ces sujets «complexes et sensibles» n’ont pas de réponses simples. «Souvent, quand les gens discutent des différences entre genres ils essaient de nier la biologie, s’en tiennent uniquement à l’aspect culturel. De nombreuses personnes ne veulent pas accepter l’homosexualité ou les rôles atypiques, ils préfèrent penser que certaines choses ne sont pas naturelles», analyse Frans de Waal. Qui constate également que «les humains sont des primates. Il y a des gens qui refusent cette correspondance mais ceux qui ne l’acceptent pas ne viennent pas à des conférences comme celle que j’ai donnée à la Cité des sciences», poursuit l’universitaire en souriant.
«Dans chaque pays, le débat autour du genre est différent. En Iran, ce qui se passe actuellement est lié au genre. Des gens se sentent menacés par ce développement. Chez les primates, c’est le contraire, il y a des individus homosexuels, et on n’a jamais remarqué d’intolérance vis-à-vis d’eux. Ces individus sont acceptés. Notre espèce est très normative. Le mariage homosexuel existe aux Pays-Bas depuis vingt-deux ans, cela n’a pas d’affect sur la famille : la famille ne va pas s’écrouler. Je ne sais pas de quoi les gens ont peur, mais ils ont peur.»