Menu
Libération
Climat Libé Tour Nantes: interview

Hugo Clément : «En BD, le filtre de l’illustration adoucit un peu la violence de la réalité»

Climat Libé Tourdossier
Invité du Climat Libé Tour, le journaliste engagé dans la protection de la biodiversité revient sur le roman graphique qu’il publie, tour d’horizon mondial des combats pour l’environnement.
Hugo Clément, le 19 octobre 2023. (Yann Castanier/Yann Castanier)
publié le 17 novembre 2023 à 4h39
(mis à jour le 17 novembre 2023 à 17h20)

Hugo Clément vient de sortir son roman graphique le Théorème du vaquita (éd. Fayard) sur les multiples combats menés de par le monde autour de la protection du vivant. Le journaliste sera ce week-end à Nantes lors du Climat Libé tour, puis à nouveau dans la cité des Ducs, en janvier, à l’occasion de l’Océan Fest qu’il organise.

Pourquoi ce titre, le Théorème du vaquita, et cette référence à ce petit marsouin du golfe de Californie qui donne aussi le nom à votre média en ligne ?

Le vaquita est tout simplement l’espèce de cétacé la plus menacée au monde. Il en reste seulement une dizaine. A mes yeux, c’est un symbole fort de résilience et d’espoir car même s’ils sont si peu nombreux, ils sont toujours là. Décimés par la pêche, ils incarnent l’impact de notre consommation sur la nature. Le prendre en emblème est une manière de vulgariser l’importance de la biodiversité. Le fait de s’attarder sur une espèce est symbolique : le vaquita représente une brique de notre maison commune. Si on enlève trop de briques, le bâtiment va finir par s’effondrer.

Pourquoi avoir opté pour la bande dessinée dans votre dernier roman ?

Je trouve que la BD est un bon vecteur d’information et cela pour plein de raisons différentes. D’abord, c’est plus accessible pour des gens qui ne sont pas des grands lecteurs. Ça se lit plus vite. Le support visuel apporte de la clarté. La force du dessin permet de transmettre des émotions, de donner à voir des choses habituellement non diffusables. Par exemple, le massacre des dauphins globicéphales dans les îles Féroé. Ces images sont clairement trop gores pour passer à la télévision. Mais le filtre de l’illustration adoucit un peu la violence de cette réalité.

Le Théorème de vaquita offre un tour d’horizon de différents combats pour la défense de l’environnement dans le monde. Le risque finalement n’est-il pas de tout survoler ?

Lorsque je suis en reportage, je prends toujours des notes. J’écris ce que je n’ai pas envie d’oublier, ce qui me semble important. Ce roman graphique est le résultat de ces prises de notes. Il est pensé comme le carnet de route de mon terrain, du temps passé aux côtés d’associations, d’agriculteurs, d’ingénieurs, d’industriels même parfois. D’où le fait d’être présent dans le récit d’ailleurs, c’est la continuité de ce que je fais. Après le livre n’a pas vocation à être exhaustif. L’idée de départ c’est de transmettre des informations de façon condensée. Le format du roman graphique offre forcément moins de place au texte ou aux chiffres qu’un essai par exemple. Mais je pense qu’au final, les lecteurs retiennent mieux les données, parce que le dessin permet d’être synthétique et schématique, c’est très complémentaire.

Vous organisez bientôt à Nantes l’Ocean Fest, la deuxième édition du festival de musique que vous avez fondé à Biarritz l’an passé avec l’artiste Worakls. Pourquoi cet événement en Loire-Atlantique ?

L’idée de l’Ocean Fest c’est de rassembler des fonds pour la défense de l’environnement. La première édition a super bien marché. On a eu un gros engouement du public. Les places ont été vendues en quelques jours et on a pu reverser une somme conséquente aux associations. Nous avons choisi Nantes pour plusieurs raisons. D’abord parce que nous ne sommes pas loin de l’océan Atlantique. Aussi parce que c’est une ville réputée pour son caractère festif et jeune. Nous avons ensuite été très bien reçus par les équipes du Zénith et municipales de Nantes. Comme les bénéfices sont reversés aux associations – les artistes viennent bénévolement même si bien sûr on paye la technique – nous avons besoin d’être accompagnés par les acteurs locaux. Dans cette deuxième édition, nous avons choisi de reverser les fonds à des structures locales ou des organisations nationales, comme la Fédération des Ami·e·s de l’Erdre qui concentre ses actions sur le nettoyage et la protection des rivières, One Voice, qui milite contre les animaux captifs ou l’ONG Sea Sherpherd, leader sur la question des océans avec notamment leur campagne pour la protection des dauphins dans le golfe de Gascogne.