Comment réinventer une gouvernance qui fait la part belle aux coopérations entre État, collectivités territoriales, associations, entreprises et citoyens ? Quelle place alors pour cette France qui essaie ? Rendez-vous le 26 octobre prochain au Conseil économique, social et environnemental. Evénement réalisé en partenariat avec l’association des départements solidaires, le département de la Gironde et la Fondation Jean-Jaurès. Inscription gratuite : cliquez ici.
La Blague est un tiers-lieu associatif, sis à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). Il donne aussi bien dans la restauration, que dans l’aide aux devoirs, le soutien aux personnes qui ont des difficultés dans leurs démarches administratives, ou l’initiation au numérique. On y trouve une salle aménagée pour les jeunes enfants qui peuvent y jouer avec des meubles en bois. Les plats sont copieux. Une dame avec un tee-shirt rouge donne le sein à son bébé, en dégustant son plat de pâtes. Sur un tableau figurent les inscriptions : «l’heure qui danse», «l’heure des infusions»… En juin, il y avait un atelier pour réaliser des lanternes en papier, en juillet des stages de théâtre «intergénérationnel». Le café est à 1 euro, la bière bio à 3… A l’entrée de la salle, des arbres sont dessinés sur les murs. «La Blague est une association très bien», a dessiné une petite fille sur la porte d’entrée.
«Pastèques rôties»
Max, 32 ans, qui travaille «dans les musées», y vient depuis quatre ans, et trouve «le lieu est très sympa. J’aime bien l’architecture, le mélange entre le brutalisme (1) et les arbres. A chaque fois, je retrouve des gens que je connais. Ici, il y a des artistes, des écrivains, des comédiens, des gens de la culture au sens large», explique-t-il. A ses côtés, Vanessa, la trentaine, et Célestine, 6 ans, se lèchent les babines. «C’est délicieux, confirme Vanessa, enseignante et comédienne. J’aime bien la cuisine végétarienne de bonne qualité, les parents peuvent discuter tranquillement. J’apprécie également l’esprit très familial. Je viens aussi bouquiner. Il y a des concerts, des cours de yoga. On peut venir avec un projet si on a envie de travailler sur quelque chose. C’est très vivant.»
Plus loin, une jeune écrivaine déjeune avec ses parents, mais «n’allez pas la déranger», conseille Vanessa… A côté du bar, des artistes du théâtre Zingaro, et pas loin, à une table dehors, le célèbre metteur en scène et scénographe Bartabas, «l’homme qui murmure à l’oreille des chevaux» et trouve «très inventif ce qu’on mange ici», n’ayant «jamais encore mangé de pastèques rôties», mais se met en colère dès qu’il s’aperçoit qu’on enregistre ses propos.
Démarches administratives
«J’ai rejoint l’aventure récemment, explique Tristan Saramon, secrétaire du conseil d’administration de la Blague (née en 2019 à l’initiative de trois femmes, l’association salarie aujourd’hui trois personnes). J’étais usager du restaurant et bénévole. La notion de tiers-lieu autonome [lieux conçus pour participer à des actions collectives, quel que soit son âge ou sa condition, ndlr] dans mon quartier, dans le département, a une importante fonction sociale.»
Le tiers-lieu fonctionne comme un centre social associatif, autour de deux grands axes : l’alimentation et le service de dynamique de quartier. L’objectif est, selon ses responsables, de «désenclaver le quartier avec un lieu inclusif». Quelques exemples de l’emploi du temps ? Le lundi soir, une permanence d’écrivain public se tient pour aider les gens dans leurs démarches administratives ; le mercredi, place à l’aide aux devoirs (gratuit pour les enfants du quartier) et au dialogue en français langue étrangère. D’autres associations pour un public en grande précarité viennent également à la Blague. «Les gens sont découragés par la technicité qu’exige la moindre démarche pour accéder à un service public ou une aide», constate Tristan Saramon.
L’ambition depuis cette année est de s’orienter vers l’accueil des jeunes retraités, avec des activités culturelles. «On a lancé un club de lecture, organisé des expositions. Mais c’est aussi un lieu qui appartient à ses adhérents, qui organise des projections, des jeux de société, des cours de théâtre.» Tout peut bouger.