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Libération
Parlement des Liens : conférence

«Il faudrait remettre la question des eaux au cœur du territoire»

La journée Libé du Parlement des Liensdossier
Vendredi 14 octobre, dans le cadre du forum organisé par le Parlement des Liens et Libération à Uzès, plusieurs conférences se pencheront sur les grands enjeux du territoire occitan.
Le pont du Gard. (A. J Cassaigne /Photononstop. AFP)
publié le 11 octobre 2022 à 16h36

Avec quels mots répondre aux grands défis de notre temps ? Pour y répondre, trois jours de débats à Uzès (Gard), du 14 au 16 octobre 2022, organisés par le Parlement des Liens et Libération.

Marin Schaffner est auteur, traducteur et éditeur. Il a cofondé en 2019 l’association Pour l’écologie du livre, ainsi que la collection de poche «Petite bibliothèque d’écologie populaire» aux éditions Wildproject. Cet ethnologue de formation promeut une écologie «radicale et décoloniale». Il s’est longtemps concentré sur les questions hydrauliques, le «biorégionalisme» et la «réhabitation». Avec d’autres spécialistes «amis» (géographes, artistes, militants…) il sillonne l’Hexagone et a créé un collectif pluridisciplinaire baptisé «Hydromonde», qui va tenir résidence à Uzès.

L’objectif ? Faire de la recherche «action et création» pour, selon lui, «activer politiquement ces territoires». «On va expérimenter une méthode de diagnostic biorégional, en posant ces questions : comment se porte un territoire du point de vue du bassin-versant ? Quelles sont les solidarités en amont et en aval ? De quelle manière pense-t-on l’ensemble des enjeux sur la question de l’industrie, de l’énergie, du transport ou de l’eau potable ? Une enquête de territoire révélera cette communauté de communes du pays d’Uzès du point de vue de l’eau.»

«Bien commun»

«Comment va-t-on survivre sur les territoires profondément aménagés et exploités de façon intensive ?» poursuit l’ethnologue qui détaille les grandes lignes de son enquête : «Nous allons réaliser une exposition dans l’espace public, qui sera itinérante et devrait circuler dans chacun des lavoirs de la communauté de communes. Nous devrions appeler à une assemblée locale de l’eau, réunir les techniciens experts, discuter des problématiques liés à l’eau, voir ce qui marche bien et moins bien. Il faudrait remettre la question des eaux au cœur du territoire.»

Uzès est, d’après le chercheur, un territoire intéressant avec ses grandes crues hivernales et de la sécheresse en été. Plusieurs communes ont vu leur eau potable sortir marron du robinet. Marin Schaffner compte relier ces constatations à des problématiques politiques. «La manière dont on gère les eaux révèle les relations entre un territoire et un lieu. L’eau potable est considérée comme un bien commun. Qu’est-ce que cela veut dire ? On va venir à Uzès cinq jours par mois pendant quatre mois. Nous disposerons d’un local dans lequel les habitants pourront venir rencontrer une paysagiste, une géographe, une architecte ingénieure énergéticienne, un militant écologiste de terrain.»

«Mondes tissés de connexions»

En pays d’Uzès, il y a le pont du Gard, rappelle l’ethnologue. Comment a-t-on envisagé son aménagement ? «Il y a un enjeu à réévaluer ces usages. Comment peuvent-ils nous être utiles dans l’ère actuelle ? De quelle façon développer une vision éco-centrée du territoire ? Les infrastructures humaines comme les barrages, les centrales ou les autoroutes sont très invasives. Elles se sont réalisées comme une colonisation, sans respecter les cycles du vivant. Il y a des questions insolubles qu’on ne se pose pas vraiment. Nos terres sont de plus en plus polluées et artificialisées. Comment se projette-t-on dans le bouleversement climatique qui nous attend ?»

La paysagiste Clémence Mathieu est associée au projet. Elle souhaite «considérer les paysages comme des mondes tissés de connexions. Les territoires de l’eau sont des milieux relationnels constitués d’enchevêtrements biogéographiques et géomorphologiques qui font paysage. L’expression d’un cours d’eau, depuis sa source jusqu’à son embouchure, génère des habitats en perpétuel mouvement et évolution», explique-t-elle.

«Pour le territoire du Pays d’Uzès, nous allons réaliser une enquête sur un passé raconté, un présent perçu et ressenti, et un futur possible souhaitable pour les territoires de l’eau envisagés comme des communs», détaille la paysagiste. Les méthodes et outils d’enquête seront «variés, en fonction de nos différents modes d’appréhension du territoire. Pour ma part, les outils de dessin du paysagiste» afin de mettre à jour et défendre collectivement ces précieux «hydromondes».

Une conférence à suivre vendredi 14 octobre, à l’Ombrière à partir de 14 heures. Et pour participer à l’enquête, envoyer un mail à contact@hydromondes.org.