Alimentation, consommation, sobriété énergétique… En partenariat avec le musée des Arts et Métiers, à l’occasion de l’exposition «Empreinte carbone, l’expo!», retour à travers l’histoire des techniques et des innovations sur les moyens d’inventer un développement durable.
François Veillerette, enseignant de formation, est le cofondateur de Générations futures. Née en 1996, sous le nom du Mouvement pour les Droits et le Respect des Générations Futures, l’association travaille sur les questions de pollution chimiques, de santé environnementale, les ressources en eau ou la biodiversité. «J’ai passé ma jeunesse en Haute-Marne puis suis arrivé en Picardie, où régnait l’agriculture intensive sur de grandes surfaces. Tout cela m’a un peu choqué. J’ai alors rencontré Georges Toutain, agronome dans un village voisin. Un Monsieur très écolo qui avait travaillé sur des systèmes réduisant les pesticides en Afrique du nord», se remémore François Veillerette. Les deux hommes fondent alors ce qui allait devenir Générations futures.
«Je faisais des trajets dans des déserts agricoles pour découvrir qu’il n’y avait plus beaucoup d’arbres, après s’ensuivait la pollution de l’eau… Avec internet, qui nous a donné accès aux données scientifiques, on a pu réaliser les conséquences de cette dégradation de l’environnement : l’impact sur la santé, le rôle des perturbateurs endocriniens», poursuit François Veillerette, par ailleurs président (entre 2002 et 2005) de la branche française de Greenpeace.
«Une prise de conscience a aussi eu lieu sur les effets des pesticides. Personne ne rigole plus avec la qualité de l’eau. L’agriculture bio s’est développée pour parvenir à dix pour cent de l’agriculture générale. Elle est sortie de la marge mais les limites du système intensif ont peu évolué. On constate un échec des plans qui devaient réduire l’usage des pesticides, note le militant qui, en 2007, a fait partie des spécialistes des questions environnementales participant au Grenelle de l’Environnement. Les difficultés sont toujours devant nous. On est dans le dur pour faire évoluer les choses. Les événements climatiques extrêmes vont être de plus en plus fréquents. Il faudrait payer les agriculteurs à un prix rémunérateur.»
Mais le monde agricole est multiple. Rien à voir entre un petit agriculteur et un gars qui a plusieurs centaines d’hectares et va gagner très bien sa vie. Entre un petit éleveur du Cantal, et un semi-industriel qui vit avec les subventions européennes.
«Le problème principal reste le revenu. Le syndicalisme agricole dominant veut faire oublier ces dichotomies, conclut François Veillerette, ferme partisan des exploitations agricoles à taille humaine, des circuits courts et de la relocalisation de l’économie. Il faut savoir quelle agriculture on défend, celle des fermes moyennes partout ? C’est un choix politique à faire. Le RN, lui, surfe sur ce malaise et fait son nid en campagne. Il y a un sentiment de déclassement de l’agriculture de proximité et de qualité. Il faudrait changer le système de production vers du moins intensif. Bref il y a encore du travail sur la planche !»