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Climat Libé Tour Dunkerque : actualité

Industries : à Dunkerque, l’usine ne lésine pas sur les moyens

Le développement économique exponentiel de la ville va devoir relever de nombreux défis en termes de mobilité douce et d’émissions de CO2.
Le port de Dunkerque, le 16 septembre 2023. (Sameer Al-Doumy/AFP)
par Stéphanie Maurice, correspondante à Lille
publié le 12 octobre 2023 à 5h56

Un miracle économique de cette ampleur, on n’en vit pas tous les jours : Dunkerque s’enivre de ce chiffre magique, 16 000 emplois directs créés chez elle d’ici 2030. Le chômage était encore à 11,7% en 2014. Il est à 8,1 % aujourd’hui, et ne cesse de descendre. L’industrie prend sa revanche. Les Hauts-de-France sont en passe de devenir une Electric Valley, avec l’arrivée de quatre giga factories de construction de batteries pour la voiture électrique, dont deux à Dunkerque, le grenoblois Verkor et le taïwanais Prologium. C’est en fait toute une filière industrielle nouvelle qui emménage le long de la mer du Nord : usines de production de cathodes, de réutilisation du lithium, et dernière annonce en date, un gros projet de recyclage de batteries porté par Suez et Eramet, géant de la métallurgie.

Lingots

ArcelorMittal, le leader industriel historique, avec son complexe sidérurgique, qui emploie 3 750 personnes, n’est pas en reste : il va ouvrir une ligne de production d’acier électrique, dédiée aux nouveaux moteurs de l’industrie automobile. Un investissement de 300 millions d’euros. Idem pour Aluminium Dunkerque, installé depuis 1989 sur le port : le mastodonte va accroître sa production de lingots d’alliage pour la voiture électrique, qui a besoin d’être plus légère. C’est là que le président de la République est venu célébrer la réindustrialisation dunkerquoise en mai.

De plus, H2V a déjà obtenu le permis pour son site de production d’hydrogène. Clarebout, le leader belge de la pomme de terre, s’installe aussi à proximité des giga factories, dans un triangle d’or entre Gravelines, Bourbourg et Loon-Plage. Là où le grand port maritime de Dunkerque prévoit de creuser son nouveau terminal portuaire, pour doubler sa capacité d’accueil des porte-conteneurs. Mais le projet Cap 2020 vient de se faire étriller, pour la deuxième fois, par l’Autorité environnementale. En mai, elle pointait une «étude d’impact de qualité médiocre», fin août, elle estimait : «Les “raisons impératives d’intérêt public majeur” avancées pour justifier la destruction d’habitats d’espèces protégées sont avant tout économiques.» L’avis n’est que consultatif, mais c’est un caillou dans la chaussure de l’écosystème dunkerquois. Comme la pétition à 20 000 signatures contre le projet de plateforme éolienne offshore. Enfin, les débats devraient être vifs sur l’arrivée de deux EPR, qui doivent alimenter en électricité toute cette industrie, sur un polder sujet aux inondations et aux submersions marines.

Horaires décalés

Ce développement économique exponentiel a également des défis importants à relever en termes de mobilités douces, pour éviter la saturation du trafic routier, émetteur de CO2 et de particules fines, de logements à construire et à rénover. Mais aussi et surtout en termes de formation : le vivier actuel est insuffisant pour répondre à la demande. Les métiers industriels n’attirent plus la jeunesse, avec leurs horaires décalés, et le souvenir des nombreuses délocalisations, qui ont frappé de plein fouet la génération de leurs parents. Autant de sujets de réflexions et de discussions pour la nouvelle étape du Climat Libé Tour qui démarre ce vendredi 13 octobre (programme en page XII).