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LibéCARE: initiative

Insuffisances respiratoires : malgré un déficit de soins, une nécessaire réhabilitation

LibéCARE. Pensez la santé demaindossier
L’association d’aide à domicile aux insuffisants respiratoires (Adir) propose une assistance personnalisée, et bientôt connectée, pour les personnes souffrant d’une atteinte du système pulmonaire.
L’insuffisance respiratoire est liée à un défaut d’oxygénation du sang. «Le principal symptôme ressenti est l’essoufflement», explique Tristan Bonnevie, kinésithérapeute et chargé de recherches au sein de l'Adir. (Peakstock/Science Photo Library.AFP)
publié le 29 novembre 2023 à 23h08

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Selon les données de la société de pneumologie de langue française, près de 10 millions de Français sont touchés par une maladie respiratoire. Une prévalence en augmentation due «à l’environnement et notamment à la pollution atmosphérique dont celle de l’environnement intérieur», précise l’organisation.

L’insuffisance respiratoire est liée à un défaut d’oxygénation du sang. «Le principal symptôme ressenti par le patient est l’essoufflement», explique Tristan Bonnevie, kinésithérapeute et chargé de recherches au sein de l’Association d’aide à domicile aux insuffisants respiratoires (Adir). L’enjeu essentiel est de limiter le cercle vicieux qui s’ensuit : se mouvoir devenant rapidement désagréable, les patients ont tendance à ralentir voire à stopper toute activité, ce qui entraîne de nombreuses conséquences fâcheuses pour l’organisme. Au fur et à mesure, les muscles perdent leur capacité, s’affaiblissent et l’essoufflement s’aggrave.

Problèmes de suivi

Dans ces circonstances, remettre le corps dans l’effort et le réentraîner est indispensable. D’un point de vue physique, le programme mis en place par l’association permet de redévelopper plus spécifiquement les membres inférieurs, avec des séances adaptées de vélo et de renforcement musculaire, le tout deux à trois fois par semaine. La prise en charge comprend également l’éducation thérapeutique centrée sur l’apprentissage de la pathologie, de son traitement et des comportements à adopter en cas de dégradation. Il peut aussi s’agir d’accompagner vers un sevrage tabagique.

Selon l’association, cet entraînement qui dure entre huit à douze semaines apporte «un bénéfice sur les symptômes, la capacité à l’exercice, la qualité de vie, ainsi que sur le risque de réhospitalisation ou de mortalité à l’issue d’un épisode aigu de la maladie».

Seulement voilà, sur la totalité des personnes qui pourraient profiter de cette prise en charge, seuls entre 5 à 10 % d’entre eux en bénéficient. Pourquoi un tel déficit ? Les freins majeurs identifiés sont le manque de structures et les difficultés liées au transport, dont le coût du déplacement, puisque les patients sont accueillis dans les locaux, en ambulatoire. S’il est possible de faire les exercices à la maison, cela pose des problèmes de suivi. Qu’il s’agisse d’une mauvaise compréhension ou d’un manque de motivation, «tout le monde n’est pas en capacité de suivre parfaitement les recommandations, et lorsque nous sommes loin, nous ne pouvons pas nous en rendre compte», détaille le clinicien.

Fonctionnement simple

Dans l’optique d’améliorer l’accès et d’augmenter l’offre de soin, il faut pouvoir donner la possibilité de pratiquer à distance, sans rupture de sécurité. C’est pour cette raison que l’Adir est en cours de développement d’un «outil de téléréhabilitation». Un mot compliqué pour un fonctionnement simple : des capteurs sont posés sur le ou la patiente. Ils mesurent un certain nombre de données comme le taux d’oxygénation du sang ou les battements cardiaques. Ces capteurs sont connectés à une application qui va guider le patient pour la suite des séances. Les variables enregistrées sont également une mine d’informations pour les professionnels de santé qui peuvent, grâce aux algorithmes, personnaliser et ajuster leurs instructions. Et si les indications ne sont pas suivies, les soignants en sont alertés.

Pour l’instant, le dispositif est testé dans le centre, sous supervision médicale. «Nous espérons pouvoir commencer l’expérimentation à domicile au cours du premier trimestre 2024, avant de commencer l’étude randomisée», précise Tristan Bonnevie.

Quelle que soit l’option choisie, chez soi ou à l’association, l’objectif est de conserver les bénéfices acquis en poursuivant une activité physique régulière. Une prescription universelle.