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Rencontre

«J’ai besoin de me mettre dans des situations compliquées pour donner du goût à la vie»

Une saison à la montagnedossier
Ecrire, dessiner, filmer, guider… Rencontres avec des amoureux des cimes qui racontent leur passion. Aujourd’hui, Kevin Rolland, champion de ski freestyle et acrobatique.
Kevin Rolland (FRA) competes in Freestyle Skiing, Men's Freeski Halfpipe Final, during the XXIV Winter Olympic Games Beijing 2022 on February 19, 2022, at Genting Snow Park in Zhangjiakou, Republic of China - Photo Julien Crosnier / KMSP (Photo by CROSNIER Julien / KMSP / KMSP via AFP) (Julien Crosnier/KMSP. AFP)
publié le 6 avril 2024 à 0h23

«J’ai toujours voulu aller de l’avant. Ce bouquin est né d’une amitié avec louis Garnier connu en CE1, le meilleur photographe du monde dans le monde de la montagne (rires)… J’avais en tête d’être vraiment focalisé sur le positif, les bonnes choses, les rêves plutôt que sur la catastrophe.

Je pense que mon moteur, c’est le plaisir, l’adrénaline, j’adore le ski. J’aime que le ski me procure du plaisir, et aussi relever des challenges. Etre au fond du trou et revenir au top, c’est un beau défi. Après mon grave accident (en 2019), j’ai presque éprouvé du plaisir à revenir. Il me fallait sortir la tête de l’eau. Je vis cela comme une compétition. Je suis cassé et je vais revenir…

Prendre des risques, cela fait partie de ma vie. J’ai besoin de me mettre dans des situations compliquées pour donner du goût à la vie. Le jeu en vaut la chandelle. Quand c’est dur, les plaisirs sont décuplés. J’aime l’adrénaline, attraper ces moments merveilleux, vivre dans cette intensité…

Mon accident m’a enseigné des choses. J’étais entre la vie et la mort et je me retrouve aux jeux olympiques porte-drapeau à Pékin en 2022 (avec Tessa Worley ndlr). L’alternative ? Soit prendre un énorme risque, manquer me faire mal devant le monde entier mais peut-être avoir cette médaille olympique ou juste assurer, faire du beau ski (il finira à la sixième place en Halfpipe). J’ai connu cette fameuse résilience pour terminer au top. Après Pékin j’ai senti du respect des autres athlètes, cela m’a fait chaud au cœur, le plaisir d’être reconnu par les siens…

Avec Mathieu Le Maux, mon coauteur, on a tenté d’écrire plus qu’une histoire de ski, une aventure humaine. J’ai aussi voulu parler des sponsors, de cet envers du décor, cette charge mentale. Ils nous font gagner notre vie. Sans eux, on ne mange pas, mais on reste un produit, même si on réussit à créer des relations un peu humaines avec les marques.

Ma nouvelle activité de production vidéo consiste à mettre en scène mes performances en images. Pour le projet «Top to Bottom», la vidéo résume mon amour pour le ski, un amour m’amène aussi à sauter au-dessus de barres rocheuses… ou de maisons. Je calcule tous les risques. Je peux me faire mal, mais j’y vais en pleine conscience. Je tente des choses pour la beauté de l’image. Il faut composer avec la lumière, le mouvement.»

Pas le temps pour les regrets, de Kevin Rolland, éditions Hugo Sport 2 023.