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Climat Libé Tour Bordeaux

La face cachée de la malbouffe : comment les aliments ultratransformés affectent notre bien-être mental

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Alors que le prix des courses alimentaires a pris plus de 20 % en deux ans, il devient de plus en plus difficile de se nourrir sainement. Un sujet abordé dimanche lors du débat « La vie chère est-elle synonyme de malbouffe ? »
Crédit: Patti Delaspre / Ijba.
par Patti Delaspre et Lili Pateman, étudiantes journalistes à l'Ijba
publié le 14 février 2024 à 12h07
Depuis ses débuts, le Climat Libé Tour, événement tourné vers la jeunesse, associe à chacune de ses étapes une école de journalistes locale (CFJ à Paris, ESJ à Lille ou Dunkerque, Ejcam à Marseille, Ijba à Bordeaux) afin que les étudiants couvrent, avec leurs regards, l’actualité des forums. Reportages, comptes rendus, portraits, photos, interviews… Ces articles sont issus de leur travail.

Des chercheurs de l’Inserm ont observé une association entre la consommation d’aliments ultratransformés - par un processus industriel et l’ajout d’additifs afin de modifier la texture, le goût ou la conservation - et les risques de survenue de symptômes dépressifs. Ces produits hautement transformés, comme les barres chocolatées, ont la particularité d’être très «riches en sucre, en graisse et en sel», souligne la chargée de recherche Tasnime Akbaraly. Ces aliments favorisent l’inflammation, à laquelle la santé mentale est sensible. Les chercheurs se sont appuyés sur l’étude d’une cohorte britannique menée depuis 1985. Conclusion : «une consommation d’aliments ultratransformés augmente de 30 % les risques de survenue de symptômes dépressifs», détaille la chercheuse.

S’il existe plusieurs moyens de lutter contre la dépression, à l’instar des thérapies et des antidépresseurs, Tasnime Akbaraly plaide pour la réalisation de consultation nutritionnelle. «En cas de surpoids, le premier réflexe est de consulter un professionnel de santé qui surveille l’alimentation. Il faudrait en faire de même pour la dépression», soutient-elle. En plus de la composition de ces aliments ultratransformés, la perception qu’on en fait a également un impact notable sur la santé mentale et notamment la survenue de troubles du comportement alimentaire (TCA).

Le terme «malbouffe» est largement employé pour décrire ces aliments ultratransformés. Fannie Aliphat, psychologue spécialisée dans les TCA à Bordeaux, combat ce mot : «c’est justement le fait que la nourriture soit diabolisée et en voulant avoir à tout prix une alimentation saine que l’on va développer des pathologies». L’orthorexie - l’obsession pour une alimentation saine -, l’anorexie ou encore la boulimie sont les principales maladies qui ont comme facteur commun le fait de juger un aliment comme favorable ou défavorable. Selon la psychologue, «le fait de juger un aliment comme bon ou mauvais crée de la culpabilité et donc de l’anxiété et du stress, qui sont beaucoup plus dangereux pour la santé que le fait de manger quelque chose de transformé».

Si un aliment est jugé «mauvais», il est alors plus probable qu’il y ait des compulsions et une surconsommation de ce produit. «Je pense que c’est bien meilleur pour la santé et les émotions de manger un Kit Kat quand on en a envie et en toute sérénité, plutôt que d’en avaler trois paquets d’un coup», conclut Fannie Aliphat.