En 2024 dans toute la France, la rédaction de Libération explore les enjeux de la transition écologique avec pour objectif : informer, débattre et envisager des solutions au plus près des réalités françaises. Rendez-vous le 26 septembre au 106 à Rouen pour la troisième étape 2024 du «Climat Libé Tour».
J’avais 16 ans et je voulais sauver les orangs-outans. Inspiré par une mobilisation sur les réseaux sociaux, j’ai lancé depuis ma chambre d’ado une pétition en ligne contre l’huile de palme industrielle. Peu d’adultes m’ont soutenu. On me disait que j’étais trop jeune, que je ne connaissais pas assez le sujet, que j’étais juste émotif, et que je ferais mieux de me concentrer sur mes études. Bref j’étais jeune, donc mon combat, ma voix, mon engagement étaient illégitimes.
Pourtant quelques mois plus tard, la pétition avait recueilli plus de 200 000 signatures et j’étais contacté par plusieurs grandes entreprises qui utilisent l’huile de palme qui essayaient de me convaincre que «tout ça n’était pas si vrai ni si grave». Avec ma pétition, écrite sur un coin de table, moi qui n’avais même pas le droit de vote, j’avais dérangé le plus grand fabricant de pâte à tartiner…
Certes le combat n’est pas gagné, mais cela m’a appris une chose : nous, jeunes, avons le droit de nous exprimer, de militer, de nous engager. Et que, quoi qu’en disent certains, non seulement on nous entend mais parfois même on nous écoute. Car si les médias traditionnels rechignent encore à nous donner la parole, nous avons trouvé et développé nos propres médias, à travers les réseaux sociaux. Contrairement à quelques idées reçues, ces réseaux ne sont pas qu’une perte de temps ou un flot incessant qui nous abrutit. Ils sont nos relais, nos liens, nos porte-voix. C’est l’idée derrière mon compte @lejeuneengage, mais je suis bien loin d’être seul. Partout en France et ailleurs, des jeunes tentent de mobiliser sur des sujets variés, pour faire bouger les lignes, alerter, un combat et un post à la fois. Prenons l’exemple de Mamadou Dembele (@theimpactstory), 28 ans, qui a réussi à fédérer autour d’une approche positive des enjeux écologiques. Il y a aussi Noémie Jolly et Thomas Martin (@ecotalkfrance), 22 et 24 ans, qui alertent sur la fragilité de la biodiversité à travers des vidéos et des documentaires. Ou le très jeune César (@cesarmusiqueoff), qui, du haut de ses 11 ans, slamme pour l’écologie.
Même si cela est difficile à quantifier nos réseaux ont sans aucun doute joué un rôle important dans la mobilisation et le résultat des dernières législatives, où des dizaines de jeunes influenceurs ont appelé à se rendre aux urnes.
La jeunesse n’attend plus qu’on lui donne la parole, elle la prend. Elle invente et joue avec ses propres canaux de diffusion, elle mobilise autour de nouvelles formes d’actions. Cette jeunesse est créative et ambitieuse. Que l’on ne s’y méprenne pas, elle ne s’oppose pas aux autres générations, elle veut juste être entendue.
Les politiques, décideurs économiques, les champions de la finance feraient bien d’être à l’écoute du bruissement de ces réseaux. Nous ignorer ne nous fera pas taire, nous dénigrer n’enlèvera rien à notre détermination, nous délégitimer parce que nous ne portons pas de costume, ne nous empêchera pas de continuer à mobiliser pour notre avenir et celui de la planète.