Depuis ses débuts, le Climat Libé Tour, événement tourné vers la jeunesse, associe à chacune de ses étapes une école de journalistes locale (CFJ à Paris, ESJ à Lille ou Dunkerque, Ejcam à Marseille, Ijba à Bordeaux) afin que les étudiants couvrent, avec leurs regards, l’actualité des forums. Reportages, comptes rendus, portraits, photos, interviews… Ces articles sont issus de leur travail.
Il fait nuit noire, quelque part dans la forêt de Bornéo. Un jeune homme blessé, paniqué, tente d’envoyer par wetransfer la vidéo qu’il vient de prendre… Des images terribles, celles de miliciens attaquant un village, tuant un habitant, brûlant les maisons et enlevant une jeune activiste (Julie Chen). Des mercenaires, de toute évidence payés par une multinationale exploitant l’huile de palme, massacrant la forêt primaire après avoir chassé les autochtones qui l’habitent. Quelques jours plus tard, le militant écologiste (joué par Félix Moati) sera arrêté à l’aéroport avec dans son sac de la cocaïne. Un coup monté, et le début de l’enfer pour lui et sa mère (impressionnante Alexandra Lamy) qui va tout faire pour le sortir des geôles indonésiennes.
Tournée en Thaïlande et en France, La Promesse verte est un thriller familial sur fond de scandale environnemental. Une ode à l’amour mère fils mêlant volontairement les deux thématiques aux dires de son réalisateur Edouard Bergeon qui présentait le film en avant-première à Bordeaux samedi 10 février dans le cadre du Climat Libé Tour.
Un mélange des genres qui a fait réagir dans la salle après la projection. «Je ne suis pas sentie appelée dans la lutte», confie une spectatrice un peu déçue tandis qu’une majorité du public se dit touchée par cette relation mère fils, quasi universelle : «en tant que parent, j’ai pu me fondre dans la peau de Carole. Elle est prête à tout pour sauver Martin, quitte à desservir la cause pour laquelle il est condamné à mort», livre une autre spectatrice. Pari réussi donc pour le cinéaste qui a mis un point d’honneur à ce que la mère soit «madame tout le monde» ; Alexandra Lamy, simple professeure d’anglais provinciale dans le film, ayant d’ailleurs insisté pour apparaître sans maquillage. Et Edouard Bergeon d’ajouter : «Quand on est avec lui, on pense à elle. Quand on est avec elle, on pense à lui».
«Provoquer des émotions dans une salle noire», c’était le défi du réalisateur (parfois compromis par un parti pris trop mélodramatique que viennent surligner des plans de caméra tremblants et des musiques haletantes). Mais défi au final relevé, devant la beauté de la nature vierge menacée par la déforestation et l’intensité de l’action. Un film qui touche à l’intime. Quelque part, on est toutes et tous Martin ou Carole. L’enfant, le parent ou les deux à la fois.