Alimentation, consommation, sobriété énergétique… En partenariat avec le musée des Arts et Métiers, à l’occasion de l’exposition «Empreinte carbone, l’expo!», retour à travers l’histoire des techniques et des innovations sur les moyens d’inventer un développement durable.
Du 18 au 20 octobre prochain, l’association HOP (Halte à l’obsolescence programmée) et Make.org Foundation organisent la deuxième édition des Journées nationales de la réparation, avec plusieurs centaines d’événements partout en France. Cet événement est l’occasion de souligner qu’en dépit de la mobilisation des citoyens, la réparation est encore loin de s’être imposée comme une norme partagée.
Allonger la durée de vie de nos objets est pourtant une urgence écologique et économique. Par exemple, 80 % de l’empreinte environnementale de nos équipements multimédias ou numériques est générée lors de leur production. Réparer, c’est alléger les impacts de la société de surproduction. Mais, pour de nombreux objets, la réparation est encore difficile en raison de leur conception.
Depuis l’adoption de la loi antigaspillage et économie circulaire (Agec) de 2020, plusieurs outils accompagnent les Français pour allonger la durée de vie de leurs produits. Le bonus réparation aide à alléger leurs factures de réparation (rendez-vous sur bonusreparation.org pour plus d’informations). Bien que son développement soit encore limité par un manque de communication et de visibilité, c’est un outil crucial quand on sait que 68 % des Français ne réparent pas leurs objets pour des raisons financières.
Quant à l’indice de réparabilité, on le retrouve dans les rayons sur quelques produits du quotidien depuis 2021 (1). Si son champ d’application doit encore s’élargir pour véritablement entrer dans les habitudes des consommateurs, il aide déjà à orienter les choix d’achat en informant sur le potentiel de réparation des produits. Cet indice constitue également un puissant levier pour encourager les fabricants à adopter des pratiques d’écoconception vertueuses, en vue d’améliorer leurs notes. Il sera rejoint par l’indice de durabilité en 2025 pour aller plus loin en évaluant aussi la robustesse des produits.
On peut aussi compter sur l’Union européenne pour légiférer sur l’écoconception des produits. Un échelon indispensable pour mettre en place des normes face à des marques qui entravent notre capacité à réparer les objets dont nous sommes pourtant propriétaires. Le règlement dit «Ecodesign» imposera aux fabricants de smartphones et tablettes de mettre à disposition les pièces détachées de leurs produits pendant au moins sept ans et la maintenance logicielle durant au moins cinq ans. Mais la Commission doit encore revoir sa copie sur l’indice de réparabilité qu’elle souhaite intégrer à ses étiquettes énergétiques, tant cet indice, à la notation laxiste, laisse courir des risques de greenwashing dans sa formulation actuelle.
Qui dit plus de réparations, dit plus de besoins en réparateurs. Les projections du Green Deal de la Commission européenne anticipent la création de 700 000 emplois dans l’économie circulaire. Mais les réparateurs qualifiés manquent à l’appel. Ce déficit est le résultat non surprenant d’un manque de formations certifiantes et d’une incapacité à susciter des vocations, que ce soit chez les jeunes ou les adultes en reconversion. Et le trou dans la raquette se fait ressentir pour cette profession vieillissante. Alors, à quand une politique volontariste qui donne envie de s’engager dans ces métiers indispensables ?
Enfin, l’usage de la fiscalité comme levier pour encourager la réparation est encore sous-exploité. Alors que la TVA réduite à 5,5 % s’applique à de nombreux biens et services, la réparation est toujours soumise au taux standard de 20 %. Réduire cette TVA pour les actes de réparation permettrait d’inciter davantage de consommateurs à s’engager dans la consommation la plus responsable qui soit : l’allongement de la durée de vie de ses produits.