Comment réconcilier métropoles et campagnes, périphéries et centres-villes, écologie et habitat ? Plongée, en partenariat avecla Plateforme d’observation des projets et stratégies urbaines (Popsu) dans les initiatives qui améliorent les politiques urbaines.
Vendredi 20 juin, à Mirecourt, dans les Vosges, se réunit le 4ᵉ Comité interministériel aux ruralités pour évaluer le plan France Ruralités et en bâtir les prochaines étapes. Après un «Tour de France ruralités» au cours duquel j’ai visité plus de quarante départements, à la rencontre des habitants, élus et acteurs de nos territoires ruraux, ce comité constitue aujourd’hui une étape décisive pour amplifier les réussites, ajuster ce qui doit l’être et proposer de nouvelles mesures destinées à améliorer la vie quotidienne de nos concitoyens.
22 millions d’habitants et 88% des communes françaises : telle est aujourd’hui la place réelle de la ruralité en France. Pourtant, en dépit de cette évidence numérique, les territoires ruraux font rarement la une des journaux – ou alors seulement lorsqu’il s’agit de véhiculer quelques clichés éculés.
Grâce à l’engagement des élus, nous avons, ces dernières années, remis la ruralité au cœur du débat public, à travers des dispositifs ambitieux comme l’agenda rural puis le plan France Ruralités. Des mesures concrètes permettent aujourd’hui d’améliorer et de faciliter la vie des habitants des territoires ruraux, et de nouvelles viendront bientôt renforcer cette dynamique.
Impératif de justice et de cohésion nationale
Mais ils sont encore nombreux à vivre avec un sentiment d’abandon, de déclassement ou d’assignation à résidence. Répondre à ces difficultés est aujourd’hui un impératif de justice et de cohésion nationale.
Les raisons d’espérer l’emportent cependant, et le devenir de la ville et celui de la ruralité sont évidemment liés, tant leur interdépendance est forte.
Les ruralités contribuent à la souveraineté économique de notre pays, grâce à l’agriculture, bien sûr, mais aussi à l’artisanat et à l’industrie : 30% de nos usines sont implantées en territoire rural – une réalité unique en Europe. 90% de la population est désormais raccordable à la fibre : ce déploiement réussi du très haut débit a permis une forme de désenclavement, davantage propice à l’installation du secteur tertiaire en ruralité ou au télétravail.
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A l’heure où la transition écologique est le premier défi de notre société, les ruralités – gigantesques puits de carbone, garantes de notre souveraineté alimentaire – fournissent aussi leurs habitants et ceux des villes en eau et en énergie. Des plaines de Beauce aux Hauts-Plateaux du Vercors, elles sont également le refuge d’une nature dont la préservation apparaît désormais essentielle et nous rappelle que la terre «où l’on vit» est aussi celle «dont on vit» – pour reprendre les mots de Bruno Latour.
Laboratoire
La ruralité est devenue un espace désirable, synonyme de sobriété et de solidarité. Grâce à l’engagement des acteurs locaux et au soutien des collectivités publiques, elle est aujourd’hui un véritable laboratoire de «trucs qui marchent». C’est sur ces territoires, souvent plus isolés et plus contraints, qu’émergent des solutions innovantes et audacieuses, porteuses d’une vision d’avenir pour notre pays. Il suffit de voir, chaque année, les centaines d’initiatives qui fleurissent dans nos ruralités : un tiers-lieu agriculturel en Corrèze, une épicerie solidaire à Saint-Yrieix-la-Perche, une guinguette mobile à Saint-Dizier…
Le potentiel de nos territoires est immense, et il est partout. C’est pourquoi la ruralité doit être l’affaire de tous, celle de chacune et chacun d’entre nous : citoyens, élus, gouvernement, médias, associations, fonctionnaires, chefs d’entreprise, agriculteurs, ouvriers, salariés, enseignants, parents.
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Cette mobilisation collective, nous la devons avant tout à ceux qui feront la ruralité de demain. Alors que la voix d’une jeunesse rurale s’élève haut et fort, il nous faut impérativement redonner les moyens et l’envie d’agir à ceux qui sont aujourd’hui l’avenir de nos territoires ruraux.
Un avenir où je souhaite que la ruralité puisse être l’endroit d’où l’on vient, qu’on choisit de quitter, parfois pour mieux y revenir ; mais aussi un lieu où l’on choisit de rester ou de s’installer, même quand on n’en vient pas.