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Libération
Le temps des villes et des territoires: tribune

L’adaptation au changement climatique : une opportunité unique de renouveler le dialogue citoyen

Par Sylvain Waserman, président de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie.
Conséquences de la tempête Ciaran près de la commune de Pirou, dans la Manche. (William Daniels/Grande commande photojournalisme)
par Sylvain Waserman, président de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie
publié le 17 mars 2024 à 3h15
A l’heure de la transition écologique, en partenariat avec la Plateforme d’observation des projets et stratégies urbaines (Popsu), plongée dans les projets et initiatives qui font bouger les politiques urbaines.

La multiplication et l’intensification des phénomènes climatiques, canicules, inondations, tempêtes, nous rappellent désormais chaque année, de façon souvent dramatique, que le dérèglement du climat va modifier notre quotidien et la réalité de nos territoires. C’est aussi le terrible rappel qu’il nous faut faire le deuil de modes de vie qui n’existeront plus, de cultures qui ne pourront plus pousser, de zones urbanisées entières qui ne devront plus être construites, et même parfois de villages entiers qu’il faudra déménager.

Protéger nos concitoyens face au dérèglement climatique, c’est en atténuer l’impact, se préparer, éviter et compenser. C’est repenser l’aménagement du territoire avec cette nécessité de l’adaptation comme boussole. C’est décider autrement, que ce soit pour les essences d’arbres que l’on plante, pour la place de la nature en ville ou pour nos modes de construction. C’est aussi anticiper pour prendre aujourd’hui les bonnes décisions de demain. L’enjeu de l’adaptation s’est imposé comme une évidence depuis les prises de position audacieuses du ministre de la Transition écologique qui ont été un véritable déclencheur.

En quelques mois, le débat a radicalement évolué, en particulier sur l’atténuation. Adaptation et atténuation sont indissociables et appellent des actions tangibles, concrètes, immédiates. C’est une occasion unique de renouveler le dialogue citoyen sur la transition écologique et faire de l’adaptation un projet commun.

Le rapport de la Cour des comptes publié le 11 mars pose avec acuité la question de la perception des efforts de transition au quotidien par nos concitoyens. Le président de la République l’a rappelé lors de la Convention managériale de l’Etat du 12 mars dernier : «notre travail doit être plus perceptible». En effet, malgré les milliards d’euros investis chaque année en faveur de la transition écologique, le sentiment de nos concitoyens est que nous n’allons pas assez vite. Nous, opérateurs de l’Etat et acteurs de la décision publique, devons savoir remettre en question notre action, et proposer aux Français un projet concret et accessible.

La réponse passe certainement par la territorialisation. C’est le sens du travail de planification engagé par le SGPE (Secrétariat général à la planification écologique) avec chaque région. C’est aussi l’objectif de chacune des vingt directions régionales de l’Ademe : être aux côtés des élus locaux et des collectivités qui prennent le chemin de la transition écologique, pour faciliter l’adaptation, fédérer autour des projets concrets, et œuvrer à la cohésion en vue d’une transition juste.

Le prochain Plan national d’adaptation au changement climatique (Pnacc 3) doit proposer un nouveau chemin pour établir un dialogue étroit avec élus et citoyens, donner à voir et convaincre de l’efficacité de notre action et des opportunités qu’offre la transition écologique.

L’Ademe prendra sa part, en tant qu’«aiguillon» du débat public, pour accélérer et massifier la transition, comme elle l’a toujours fait depuis plus de trente ans. Ses équipes sont pleinement mobilisées pour aller plus loin dans la déconcentration, et s’engager dans les projets aux côtés des élus : villes plus fraîches, constructions responsables, déploiement des mobilités douces, avec une expertise et une vision de long terme. Toujours en coopération et dans le dialogue. C’est le sens de la méthodologie Tacct (Trajectoires d’adaptation au changement climatique des territoires) lancée en 2019 pour donner aux collectivités les outils pour construire leur plan d’adaptation à 360°.

Les Français demandent légitimement à voir plus clairement les résultats de notre action, à nous, acteurs et décideurs publics, de renouveler le dialogue citoyen et d’être au rendez-vous.