Informer, débattre et envisager des solutions au plus près des réalités et des enjeux. Rendez-vous le samedi 16 décembre à la Friche la Belle de Mai, à Marseille (Entrée libre sur inscription dans la limite des places disponibles), pour la sixième et dernière étape de l’année 2023 du «Climat Libé Tour».
L’alimentation est responsable d’un quart des émissions de gaz à effet de serre. Il s’agit donc d’un levier conséquent pour réduire l’impact environnemental des activités humaines. Dans la quête d’une alimentation plus durable, des signaux négatifs, comme le récent essoufflement du marché du bio, doivent-ils nous faire désespérer ? Si cet essoufflement doit nous alerter, peut-être ne faut-il pas faire du bio l’unique boussole de cette entreprise collective.
D’autres signaux suggèrent une prise de conscience collective autour de l’alimentation, dont la durabilité ne se réduit d’ailleurs pas aux questions environnementales. Une alimentation durable s’inscrit dans les limites planétaires. Elle doit aussi assurer une juste rémunération aux producteurs, permettre l’accès à une alimentation digne et choisie, assurer la santé et reposer sur des logiques inclusives garantissant le pouvoir d’agir des citoyens et citoyennes.
Assiette caritative et assiette engagée
Une telle définition peut paraître complexe. C’est que l’alimentation est elle-même très complexe. Ce que nous avons dans nos assiettes résulte d’un système de pratiques, de normes, de représentations, d’acteurs, de socioécosystèmes et d’êtres vivants.
La diffusion de cette approche en termes de «système alimentaire» est un premier signal de prise de conscience. Elle s’est imposée dans la communauté scientifique. On observe aujourd’hui sa mise en œuvre sur le terrain. Les dispositifs de gouvernance multi-acteurs dont se dotent les projets alimentaires territoriaux, qui visent à reterritorialiser l’alimentation et l’agriculture, répondent à cette logique. La conscience des liens qui unissent les différentes catégories d’acteurs du système alimentaire y prend une forme concrète.
Les initiatives citoyennes autour de nouvelles formes de solidarités alimentaires sont un autre signal. Beaucoup d’entre elles, à l’image de la caisse alimentaire commune de Montpellier, cherchent à contribuer au projet politique d’une sécurité sociale de l’alimentation. Pour cela, il faut dépasser l’opposition entre une assiette caritative garnie des invendus du système alimentaire industriel et une assiette engagée réservée à une minorité capable d’en payer le contenu.
Besoin d’action collective
Ces initiatives, parfois soutenues par les collectivités locales, témoignent d’un besoin d’action collective organisée autour de l’alimentation. Elles sont le signe de sa politisation : les questions alimentaires prennent de l’importance dans la vie des cités. En témoigne le Pacte de Milan pour des systèmes alimentaires urbains durables, signé par 260 grandes villes du monde. La quête d’une alimentation plus durable n’est pas l’apanage des pays du Nord. Le département de Rufisque, au Sénégal, s’est par exemple engagé dans une politique territoriale d’alimentation durable.
Pour être efficaces, les récits qui guident l’action collective doivent être partagés le plus largement possible, ce qui passe par leur coconstruction citoyenne. Pour parler aux citoyens et citoyennes, ces récits doivent s’inscrire dans les réalités locales du système alimentaire : dans les territoires. Pour donner du sens aux choix qui sont faits en matière d’alimentation durable, ils doivent être structurés politiquement via des arènes associant les différents acteurs du système alimentaire. La recherche, quant à elle, doit accompagner ce processus : en aidant à identifier des voies vers des systèmes alimentaires plus durables, en étudiant et en évaluant les résultats des actions mises en œuvre.