En tant que filière à part entière, le numérique, souvent représenté comme dématérialisé et «green», est en réalité très consommateur d’énergie et de ressources non renouvelables. Au service des secteurs de l’économie, il peut être un vecteur de préservation de ressources et de CO2, à condition d’en avoir réfléchi les zones de pertinence et d’utilisation optimales. Sinon, c’est l’effet rebond assuré et une hausse finale forte des émissions de CO2, directes ou indirectes associées. A ce jour le secteur numérique croît de 6 % par an (1) et ses déchets représentent plus de 50 millions de tonnes chaque année, en augmentation constante.
Le caractère «équivoque» des technologies de l’information et de la communication a été démontré en sciences de gestion (2 et 3) par l’étude de leurs effets très variés, tant à l’échelle de l’individu qu’à celle de l’organisation (4). Il n’est donc pas surprenant que face aux enjeux environnementaux, les technologies numériques révèlent cette même ambivalence. Heureusement, des bonnes pratiques émergent pour mettre le numérique du côté de la solution et contribuer à un avenir soutenable.
La régulation est indispensable
Tout d’abord, il faut intégrer le fait qu’aucune technologie ne se régule d’elle-même, notamment sur les questions sociales et environnementales qui dépassent la simple mise en œuvre technique. Deuxièmement, les mécanismes de gouvernance actuellement à l’œuvre ne permettent pas d’ouvrir le bon débat : il faut les modifier, et les encadrer. La régulation est indispensable mais elle avance trop lentement comparée au déploiement des usages.
Troisièmement, la question des modèles socio-économiques doit être posée avec plus de force et de moyens. Les business models actuels du numérique ne savent pas intégrer ces enjeux qui sont de répondre à des besoins réels plutôt que créer artificiellement des envies pour écouler de la marchandise. Dans tous les cas, toute technologie doit être minutieusement regardée au cas par cas afin d’objectiver la balance bénéfice/risques avant d’être mise en œuvre.
À chaque industriel donc de réfléchir au-delà de son produit, ainsi qu’avec les autres acteurs de toute la chaîne de valeur, en objectivant ses fournisseurs informatiques sur leur responsabilité sociale et environnementale, c’est-à-dire sur le «bout en bout».