Avec tous les territoires engagés pour des solutions solidaires, le Département de la Gironde, la Ville de Bordeaux, la Fondation Jean-Jaurès, Libération et plus de 60 organisations composant le Pacte du Pouvoir de Vivre proposent de débattre de six grandes solutions. Qu’elles soient éprouvées ou encore à expérimenter, ces solutions sont autant d’outils mis à la portée de toutes et tous pour tenter de fabriquer ensemble une écologie solidaire. Pour en discuter, rendez-vous le 9 février prochain dans les locaux du département de la Gironde.
«La jeunesse, c’est l’angle mort des politiques de solidarité nationale. On pense que les jeunes bénéficient de l’aide familiale mais qu’en est-il de ceux qui sont en situation de rupture, de précarité, avec peu ou pas de soutien de leur entourage ?» interroge Chaynesse Khirouni, présidente du conseil départemental de Meurthe-et-Moselle. Gouverné par une union de gauche, d’écologistes et de citoyens, ce département du Grand Est expérimente en 2024 la mise en place d’un revenu d’émancipation jeunes. La Meurthe-et-Moselle compte près de 100 000 jeunes de 16 à 24 ans, dont 10 000 accueillis dans des missions locales, ces structures d’accompagnement dans la recherche d’emploi. Un taux de chômage de 20 à 25 % frappe ce segment de la population. «La crise sanitaire a accentué les difficultés sociales et financières des jeunes», rappelle la présidente qui a travaillé dans l’insertion et la solidarité. Le coup de pouce du département repose sur une aide mensuelle de 500 euros à destination des 16-24 ans durant six mois, avec possibilité d’un renouvellement. Le profil des bénéficiaires ? Un jeune en attente d’une formation, un diplômé qui cherche un emploi après ses études, une personne qui travaille quelques heures par semaine et ne peut pas se payer un logement, un jeune sans abri…
Une respiration dans un parcours chaotique
Les critères d’éligibilité en termes de revenus (probablement moins de 800 euros mensuels) et de situation sociale seront éprouvés au premier semestre avec les partenaires de terrain, mais un parti pris marque le projet. «Nous misons sur la responsabilisation des jeunes, insiste Chaynesse Khirouni. A la différence d’autres aides, nous ne leur demandons pas de s’engager dans un contrat, il n’y a pas de comptes à rendre. Nous voulons tester une nouvelle façon de les accompagner, souple et adaptée, et voir si notre confiance leur permet d’enclencher une démarche dynamique.» Le département a alloué un budget de 600 000 euros à cette expérimentation soit 200 jeunes aidés pendant six mois. Pour identifier les bénéficiaires et mettre en œuvre l’aide mensuelle, il s’appuiera sur les missions locales, le réseau des assistants sociaux, les associations et les fédérations d’éducation populaire, très présentes sur le département.
«Comme pour l’ensemble de la population, la précarité a progressé chez les jeunes, insiste Philippe Gilain, secrétaire général de la fédération du Secours populaire de Meurthe-et-Moselle. En 2023, près de 6 000 personnes de moins de 25 ans sont venues nous voir contre 4 300 environ en 2022. Elles ont besoin de se nourrir et de manière qualitative, de s’insérer socialement et professionnellement selon l’âge, d’accéder au sport, à la culture… Nous, les associations, nous sommes là pour condamner et aiguillonner, mais c’est aux pouvoirs publics d’agir, de prendre des mesures. Une telle aide va dans la bonne direction», confie-t-il. Pour Chaynesse Khirouni, ce revenu d’émancipation devrait aussi permettre «de relancer le débat sur l’ouverture du RSA aux jeunes et valoriser une alternative qui mise sur la logique de l’insertion sociale».