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«Le logement, élément essentiel à une vie digne dans des communes vivantes»

Finance solidaire et logementdossier
Trop souvent perçu comme un actif financier, le logement doit retrouver sa fonction première : être un objet de première nécessité qui doit offrir un cadre de vie stable et accessible pour chacun, rappelle les députés PS et EPR Iñaki Echaniz et Annaïg Le Meur.
Le 23 septembre 2023. à Paris. lors de la manifestation contre les violences policières et pour plus de justice sociale. (Laurent Hazgui/Divergence)
par Iñaki Echaniz, député PS et Annaïg Le Meur, députée Ensemble pour la République
publié le 21 janvier 2025 à 9h57

Face au mal logement, la finance solidaire peut-elle changer la donne ? Pour mieux comprendre les enjeux, Soliko (ex-Solifap) propose, en partenariat avec Libération une soirée d’atelier et de débat, le vendredi 24 janvier.

La crise du logement frappe à nos portes. Dans nos villes, nos villages, nos îles, elle bouleverse les projets de milliers de Français. Les salariés peinent à trouver un toit à proximité de leur emploi, les familles s’éloignent des centres urbains, et les étudiants renoncent à des formations faute de logement. Cette réalité nourrit un sentiment d’injustice et un profond désarroi.

Cette crise n’a rien d’une fatalité. Elle est le fruit de dynamiques déséquilibrées qui se sont accélérées ces dernières années. L’explosion des plateformes de meublés touristiques, la flambée des coûts de construction et de l’immobilier, la montée des taux bancaires et la raréfaction du foncier sont autant de facteurs aggravant les difficultés d’accès au logement. A Primelin, petit village littoral dans le Finistère, la moitié des logements est dédiée aux locations saisonnières, à Lescun, en vallée d’Aspe, 70 % des maisons sont des résidences secondaires. Face à cela, les outils à disposition des élus locaux étaient largement insuffisants.

Changer notre regard sur le logement

Conscients de cette urgence, nous avons porté avec le soutien de nombreux maires et associations, un texte visant à réguler les locations touristiques. Ce texte, voté avec une large majorité, le 19 novembre 2024, marque un tournant. Il offre aux collectivités les moyens d’agir directement sur leur parc immobilier. Les élus peuvent désormais imposer des autorisations de location, des quotas mais aussi limiter les zones géographiques permettant la location touristique et contraindre à une compensation tout logement détourné de sa vocation résidentielle. Mais cette loi va au-delà de la régulation. Elle engage une révision complète de la fiscalité des locations. L’alignement des avantages fiscaux entre meublés touristiques et locations de longue durée met enfin un terme à des inégalités injustifiables. Dans le même temps, les exigences de décence énergétique sont harmonisées, imposant à tous les types de logements des normes ambitieuses en faveur de la transition écologique pour éviter la fuite des locations vers le secteur du tourisme. En 2034, les meublés de tourisme devront atteindre un diagnostic de performance énergétique minimal de D.

Cependant, nous sommes conscients que ce texte est une première pierre. L’ampleur de cette crise impose de changer notre regard sur le logement. Trop souvent perçu comme un actif financier, il doit retrouver sa fonction première : un objet de première nécessité qui doit offrir un cadre de vie stable et accessible pour chacun. Cette approche est indispensable pour offrir des conditions de vie dignes dans des communes vivantes.

Il n’y a pas de fatalité

La crise n’épargne aucun territoire. Elle affecte nos économies locales, limite les capacités à recruter et compromet notre réindustrialisation. En France, une entreprise sur quatre rencontre des difficultés de recrutement directement liées au logement de ses salariés. Elle menace aussi le tissu social et culturel de nos villes, en transformant peu à peu des quartiers entiers en centres de vacances.

Face à cette situation, il n’y a pas de fatalité mais des mesures adaptées aux différentes réalités locales à établir. La loi du 19 novembre 2024 constitue une première étape importante. Nous devons aller plus loin. Repenser nos politiques publiques, notamment fiscales, pour privilégier le logement permanent, vertueux et abordable, encourager la remise sur le marché des biens vacants, mieux lutter contre la spéculation, soutenir la construction et l’accession à la propriété : autant de combats que nous avons commencé à mener lors du projet de loi de finances et que nous devons poursuivre pour garantir un équilibre durable et une offre de logements accessible à tous.

Travaillons ensemble, élus, acteurs économiques et citoyens, à l’instar de notre loi pour réguler les meublés de tourisme, afin de lutter contre les difficultés sociales et économiques qui prennent leur source dans le mal-logement. Il est urgent d’agir pour donner aux territoires des moyens d’action et répondre aux attentes légitimes de nos concitoyens.