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Libération
Le Grand Bivouac: documentaire

Gorongosa, un parc porteur d’espoir

Le Grand Bivouac, festival du film-documentaire et du livre d'Albertvilledossier
Rongée durant la guerre civile, la réserve a été restaurée en trente ans grâce à l’apport d’un philanthrope américain. Un documentaire revient sur cette mutation salutaire.
Dans le parc de Gorongosa, au Mozambique. (jacques le roux/Getty Images)
publié le 30 mai 2023 à 16h08
(mis à jour le 28 août 2023 à 12h31)

C’est une drôle de grande aventure dans un pays, le Mozambique, qu’on connaît peu. Un parc national qu’on ignore. Et une expérience édifiante. La guerre civile l’a ravagé durant seize ans, faisant de nombreuses victimes, humaines mais aussi animales. Lions, antilopes, pangolins, pélicans, buffles, gnous, sans compter les éléphants, avec le braconnage d’ivoire… Plus de 90 % de sa faune a été «mangée» durant le conflit, entre 1976 et 1992. Gorongosa, le parc de la réconciliation raconte son aventure.

Le documentaire (1) nous emmène dans l’endroit qui reste «le plus riche et le plus diversifié d’Afrique australe». Grâce à des réintroductions d’espèces disparues, il est redevenu un parc «des droits humains, le moteur de toute une région, capable de soutenir socialement, économiquement et moralement les populations alentour, au nombre de 200 000 habitants», expliquent les auteurs, Bernadette Gilbertas et Olivier Grunewald.

A la fin des années 70, un conflit fait donc rage entre le Front de libération du Mozambique, parti communiste alors au pouvoir, et le groupe de Résistance nationale du Mozambique, antimarxiste, financé et entraîné par ses voisins de Rhodésie du Sud (actuel Zimbabwe) et d’Afrique du Sud. Il a laissé la région, peuple, faune et flore, exsangue. Un philanthrope américain, Greg Carr, 64 ans, qui a construit sa fortune dans les services sur Internet, décide alors d’investir sa fortune et son temps au renouveau du parc (il participe encore en 2020, par le biais de sa fondation, à hauteur de 12,8 millions d’euros). Une «armée de la nature» est mise sur pied à partir de 2008. 300 rangers, dont douze femmes, traquent les braconniers et leurs pièges : depuis 2015, quelque 20 000 collets et 1 500 pièges à mâchoires ont été détruits. Laboratoire scientifique à ciel ouvert, destiné aux étudiants et chercheurs mozambicains et étrangers, agroforesterie, production de café (six tonnes récoltées l’an passé), tourisme notamment participent à la renaissance du site. Tandis qu’un programme spécifique réservé aux filles leur permet à terme de s’émanciper.

«Gorongosa œuvre et associe activement les populations environnantes. Il sert autant d’outil éducatif que de projet de développement économique», confirme Bernadette Gilbertas. La faune et la flore y sont pour beaucoup. «Le milieu s’est restauré naturellement, poursuit Olivier Grunewald. On peut désormais voir à perte de vue des troupeaux d’antilopes dans la plaine… Avant, on n’arrivait pas à surprendre des éléphants. Les soldats les tuaient pour se nourrir, l’ivoire était revendu pour acheter des armes. Aujourd’hui, ils sont de plus en plus confiants. Ce qui arrive au parc constitue un projet porteur d’espoir.»

Le mécène Greg Carr a signé un contrat avec le gouvernement du Mozambique qui court jusqu’en 2043. «Son sens des relations lui a permis de former des scientifiques. Il a embauché un spécialiste du café, s’est doté d’une équipe dédiée à la communication, d’une autre qui recherche des financements… C’est aussi une preuve que lorsque l’argent arrive au bon endroit, cela marche et cela marche vite», concluent les auteurs.

(1) A découvrir au Grand Bivouac d’Albertville vendredi 20 octobre à 10 heures ou dimanche 22 octobre à 16 heures.