Initiative citoyenne, le Festival des Idées organise, du 4 au 6 juillet à la Charité-sur-Loire, plus de 30 rendez-vous pour débattre des défis culturels et politiques de demain. Un événement dont Libération est partenaire.
La crise du logement est là et malheureusement bien là, frappant nombre de Françaises et de Français qui en font aujourd’hui une priorité dans les enquêtes d’opinion. Nos concitoyennes et nos concitoyens s’appauvrissent par le logement, la part du logement dans leur budget de nos concitoyens devenant intolérable pour beaucoup. En 2024, 45% d’entre eux déclaraient qu’ils ne pouvaient plus couvrir leurs besoins fondamentaux. Cela ne peut que nous interpeller vigoureusement.
Le marché l’a emporté sur notre capacité collective à loger et à faire du logement un droit fondamental. Nous trouvons toujours des libéraux pour expliquer que la situation actuelle est le fruit de trop nombreuses règles ou encadrements, voire qu’elle est conjoncturelle et qu’il faut patienter. Nous pourrons toujours écouter Bercy dire qu’il y a bien assez de logements en France et qu’il convient de trouver les manières de faire rencontrer l’offre et la demande. Ce sont des chimères. S’il est un domaine permettant de démontrer que le marché ne s’autorégule pas, c’est le logement. A nous de l’affirmer haut et fort en témoignant des erreurs multiples commises depuis 2017 par les gouvernements successifs d’un Président qui ne croit pas à la politique du logement.
Un secteur entier fragilisé
Par ces erreurs, nous sommes passé·es de une à trois crises du logement. La première est sociale. Les Françaises et les Français n’arrivent plus à se loger et l’insuffisante production de logements sociaux est à cibler en premier lieu. 1,8 million de personnes attendent un logement social. Cette situation s’est dégradée par les choix opérés dès 2017, dont la ponction des budgets des bailleurs sociaux afin de maintenir les APL en danger, les contraignant alors à ralentir leur investissement dans la construction.
La deuxième crise est économique : un secteur entier est fragilisé, du bâtiment à la promotion immobilière. Les opérations ne s’équilibrent plus. Les biens sont trop chers alors que le nombre d’acquisitions diminue. Nous saisissons l’erreur économique du président Macron fragilisant le logement social dès la loi de finances 2018 et l’empêchant ainsi de jouer un rôle contracyclique. Beaucoup d’entreprises ont du mal à recruter à cause du coût du logement.
La troisième crise est écologique. Les familles sont poussées à s’éloigner de plus en plus des grandes villes, des lieux d’activité. Les mouvements pendulaires et l’étalement urbain s’accroissent à l’heure où nous devrions toutes et tous trouver la voie d’une plus grande sobriété. Le logement est la pierre angulaire d’un nouveau projet de gauche.
Le logement, levier de relance
Grâce à une politique foncière inédite, nous pourrions engager une baisse structurelle des prix. Le bail réel solidaire - l’on devient propriétaire du logement, mais locataire du terrain - dont le succès se renforce de jour en jour a montré que la maîtrise du foncier était le défi premier. Par un encadrement des loyers pérennisé et systématisé à tous les territoires qui le souhaitent, nous trouverions des solutions acceptables à celles et ceux qui n’en ont pas. Par un soutien renouvelé et accru à tous les bailleurs sociaux, nous leur redonnerions une capacité d’investissement à même de répondre aux attentes des Françaises et Français.
En assumant à nouveau que le logement n’est pas un coût, mais un puissant levier de relance, nous redonnerions des perspectives d’emplois et d’activité à tout un secteur. Par exemple en engageant une politique réellement assumée de rénovation thermique des bâtiments qui ne peut souffrir plus longtemps des ajustements budgétaires, comme ont su le faire de grandes collectivités. Autant de chantiers pour transformer la vie quotidienne, en redonnant le pouvoir d’habiter.