Biodiversité, espace, intelligence artificielle, éducation… Coups de projecteur sur les conférences et rencontres organisées à la Cité des Sciences et de l’Industrie. Aujourd’hui, «Euclid, le côté obscur de l’univers», samedi 12 octobre à 16 heures.
C’est une mission de six ans dédiée à la cosmologie, à la compréhension de l’origine de l’univers, et à son évolution. Pierre Casenove, chef de projet au Cnes, revient sur la mission Euclid et ses enjeux. Un travail d’analyse titanesque qui pourrait lever le voile sur l’un des plus grands mystères scientifiques de notre époque.
Grâce à la mission Euclid, au moment où nous nous entretenons, un télescope en orbite est en train de cartographier l’univers, c’est bien ça ?
En effet, son but est de venir étudier l’univers profond, c’est-à-dire de prendre des images de l’extérieur de notre galaxie. Situé au point de Lagrange L2, à 1,5 milliard de km entre la Terre et le Soleil, il gravite autour du soleil en lui tournant le dos. L’avantage c’est qu’à cette position, L2, il profite d’une stabilité thermique. Ainsi le télescope a toujours les mêmes performances. Depuis le 14 février 2024, il capture une image par heure. Tout ce qui lui est accessible en dehors de notre galaxie, c’est-à-dire un tiers du ciel. Sa mission va durer six ans, avec une première publication de résultats en mars 2025 puis en juin 2026 jusqu’en 2031 où aura lieu celle complète.
Comment traitez-vous les photos reçues à terre ?
De mon côté, je suis en charge des activités en France, où travaillent 400 à 500 chercheurs répartis entre le CEA, le CNRS et le Cnes (1). Au total, le consortium international rassemble 2 500 scientifiques qui se partagent les données à travers neuf centres dans le monde. Grâce aux photos réceptionnées, puis disposées ensemble, nous cherchons à identifier les étoiles, les galaxies, à définir leur distance, à les cartographier et à leur donner un âge grâce à leurs couleurs, de moins 10 milliards d’années à aujourd’hui. Pour résumer, plus une galaxie est éloignée, moins elle est visible et bascule dans l’infrarouge. Tous les jours, la zone de ciel observée s’étend et grâce à cette carte, nous allons pouvoir raconter une histoire de l’univers. Euclid est une vraie machine à remonter le temps !
Rendre visible l’invisible et ainsi comprendre comment l’univers s’est formé ?
Le but en effet est de reconstituer comment l’univers s’est structuré. Nous avons découvert à travers les travaux menés sur la matière ou l’énergie noire qu’il était en expansion constante et que ce mouvement s’accélère. Les galaxies se forment autour de filaments de matière noire qui les font tenir ensemble comme une sorte de toile d’araignée invisible. L’univers s’agrandit, les galaxies s’éloignent les unes des autres, avec la création de matières, d’atomes et d’étoiles. Nous cherchons donc à comprendre pourquoi il continue de s’étendre, grâce à quelle force, si la théorie de la relativité est suffisante pour l’expliquer, ou s’il faut envisager d’autres modèles.