Menu
Libération
Dans nos archives

L’épargne solidaire, un placement vertueux mais encore trop méconnu

Finance solidaire et logementdossier
Cette option, qui garantit l’investissement de son argent dans un projet d’économie sociale et solidaire, en est encore à ses balbutiements mais connaît un intérêt croissant.
(Fanny Michaelis/Libération)
par Valérie Sarre
publié le 16 novembre 2023 à 6h32

Face au mal logement, la finance solidaire peut-elle changer la donne ? A l’occasion de notre partenariat avec Soliko, entreprise de l’économie sociale et solidaire et du supplément qui paraîtra le 24 janvier, nous republions quelques articles sur cette thématique.

«Vos enfants vont être fiers de vous…», telle est l’accroche du nouveau film publicitaire de Fair – l’association qui gère le label de finance solidaire, Finansol. Une idée et un credo que souhaitent mettre en avant les promoteurs de la finance solidaire dans notre pays. Logique ! Contrairement aux placements «classiques», ceux-ci bénéficient aux entreprises ou aux associations à forte utilité sociale et /ou environnementale. C’est le principe de la finance solidaire et c’est ce qui séduit de plus en plus les épargnants. On parle ici d’accès au logement, de lutte contre l’exclusion, d’actions en faveur de l’environnement, de faciliter l’accès à l’emploi, ou de soin et d’aide aux personnes fragiles ou exclues…

Le champ est vaste. «La finance solidaire concerne les grands problèmes de notre époque et y apporte des financements», souligne Frédéric Tiberghien, président de l’association Fair. Pas étonnant dès lors que cette finance attire ceux qui cherchent à «donner du sens à leur argent» comme on dit dans ce milieu. «La collecte de l’épargne sur des fonds dits solidaires croît depuis plus de quinze ans de 15 à 20 % par an, poursuit Frédéric Tiberghien. En 2020 et 2021, deux années exceptionnelles à cause de la pandémie qui a poussé les ménages à épargner davantage, la collecte a même dépassé les 20 % d’augmentation. Cette épargne croît dix fois plus vite que notre PIB !» Encourageant. Ainsi, en 2022, ce sont 1,8 milliard d’euros supplémentaires qui ont été collectés, pour un total de 26,3 milliards. La progression n’a été «que» de 7,4 %, mais c’est nettement mieux que le marché financier traditionnel…

Potentiel de progression

Des chiffres à relativiser car si cette manne dédiée aux «bonnes causes» progresse, elle ne représente toujours qu’un minuscule 0,45 % de toute l’épargne des Français… Reste donc un beau potentiel de progression ! D’où ces campagnes publicitaires à destination du grand public et cette Semaine de la finance solidaire qui s’est déroulée cette année du 13 au 20 novembre pour faire connaître et comprendre l’intérêt de ces placements dits «utiles». La finance solidaire souffre en effet toujours d’un déficit de visibilité auprès du grand public. Une étude qui vient de paraître, réalisée par OpinionWay pour Fair et France Active démontre que si un Français sur quatre recherche une finalité sociale et solidaire à leur argent, 67 % des Français se sentent mal informés sur les projets concernés par ce type d’épargne.

Pour s’y retrouver et être certain que ses placements financiers seront bien «fléchés» vers les bonnes causes, le label Finansol – créé il y a tout juste vingt-cinq ans – veille au grain. Un comité d’experts indépendants délivre le fameux label après avoir vérifié un certain nombre de critères «solidaires». «Chaque année, le comité attribue le label à de nouveaux produits et le retire à certains s’il estime que les fonds en question ne remplissent plus leurs obligations», précise Frédéric Tiberghien, président de Fair, l’organisme qui gère ce label. En 2023, l’association contrôle ainsi près de 190 produits financiers labellisés, émis par des banques, des mutuelles, des compagnies d’assurances, sous forme de fonds de placements, de produits d’épargne salariale, d’assurance-vie ou de titres non cotés émis directement par des entreprises solidaires. Actuellement, c’est l’épargne salariale, via les plans PEE ou Perco qui draine le plus d’euros (15,3 milliards sur 26,3 récoltés en 2022).

Rajeunissement des épargnants solidaires

A l’autre bout de la chaîne, ces placements sont investis dans des projets solidaires. Au total pour 2022, 841,5 millions d’euros, soit 22 % de plus que l’année précédente ont été engagés auprès d’entreprises ou d’associations relevant de l’économie sociale et solidaire (ESS). «Ce sont plus de 1 600 nouveaux projets à impact solidaire et social qui ont été soutenus», souligne Frédéric Tiberghien. Autre possibilité pour les particuliers : soutenir directement les entreprises concernées via un apport en capital. C’est ce canal qui a le plus progressé en 2022 (+9 %). Autre indice encourageant : le développement depuis plusieurs années des plateformes de financement participatif – comme Lita. co –, qui facilitent la diffusion de projets auprès du plus grand nombre. «Cela renforce aussi le rajeunissement des épargnants solidaires, les millénials étant naturellement plus tournés vers ces outils et ces placements qui font sens.» Autre signe positif, les fonds qui se proposent d’aider les jeunes agriculteurs à s’installer ont la cote. Finance solidaire et légumes bios, un axe prometteur…