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Climat Libé Tour Dunkerque : initiative

Les Alchimistes des Hauts-de-France, fidèles au compost

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L’entreprise de l’économie sociale et solidaire propose une méthode de compostage à grande échelle pour lutter contre la pollution des sols tout en créant des métiers pérennes pour des personnes en dispositif d’insertion.
Les Alchimistes broient les matières récoltées avec du bois pour favoriser la fermentation du compost.
publié le 8 octobre 2023 à 11h54
Energie, transports, rénovation durable, végétalisation… En 2023, Libé explore la thématique de la transition écologique lors d’une série de rendez-vous inédits. Objectif : témoigner des enjeux et trouver des solutions au plus près des territoires. Quatrième étape à Dunkerque, les 13, 14 et 15 octobre.

Au départ, un triste et banal constat : la plupart des matières alimentaires détruites par enfouissement ou incinération continuent à polluer l’air et les sols. «Nous souhaitions proposer une alternative simple et écologique pour ces déchets», explique Foucauld Watine, cofondateur des Alchimistes Hauts-de-France, une entreprise créée en février 2020. Et d’énumérer la liste des problèmes à régler : les résidus qui ne disparaissent jamais complètement et finissent au fond du four, en mâchefer très polluant. L’enfouissement qui pose des problèmes d’infiltration, les bâches insuffisantes… «Cela génère du méthane qui va s’échapper dans l’atmosphère, un gaz 30 fois plus polluant que le C02.»

«Activité organique naturelle»

Avec la méthode de compostage proposée par les Alchimistes, «on obtient un engrais qui va nourrir le sol, aider à produire des fruits et légumes en évitant la consommation d’engrais chimique. On met en place des logistiques dans les villes. On collecte avec des véhicules légers», ajoute Foucauld Watine. Les bacs des clients (essentiellement des professionnels, traiteurs, restaurateurs ou commerçants) sont ramassés et remplacés par des bacs propres. «On trie la matière qui est ensuite broyée avec du bois, et on remplit des casiers. De grands tas couverts avec des bâches qui favorisent la fermentation, déclenchent une maturation, une activité organique naturelle, utilisable sur les champs. En fait, c’est ce que beaucoup de gens réalisaient à la campagne.»

L’entreprise se concentre sur la qualité du tri et la création de métiers locaux. Ses sites sont proches des villes. Il s’agit de métiers pérennes avec des gens en dispositif d’insertion. La dimension écologique et solidaire du projet est primordiale. «On a une activité qui s’inscrit dans l’économie circulaire, l’écologie. On se situe dans une recherche d’impact positif», assure Foucauld Watine. L’objectif : construire un métier durable pour des personnes qui, souvent, n’ont pas d’appétence pour ces projets écologiques. «Ils découvrent la différence des propositions, la volonté de les rapprocher de l’écologie, de l’emploi et du bien-être.»

«Demande grandissante»

Le transport est un point clé du dispositif. Il est cher et son impact écologique reste important. «Notre parti pris, c’est de massifier à quelques kilomètres des zones de collecte, car le compost voyage assez mal. Il est volumineux. Les champs nous entourent. La demande est grandissante, couplée à la volonté des agriculteurs de minimiser les engrais chimiques. Ces derniers disposent de bennes et viennent eux-mêmes chercher le compost.»

Les Alchimistes Hauts-de-France couvrent actuellement une partie de la métropole lilloise, du bassin minier et de la Flandre intérieure, et collectent 150 tonnes par mois auprès de 200 producteurs de déchets alimentaires professionnels. L’entreprise fait partie d’un réseau implanté dans quatorze agglomérations de l’Hexagone, avec l’ambition de toucher 10% des Français d’ici à 2030.