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Solutions solidaires: initiative

Les coquilles d’huîtres, «c’est un beau matériau, il peut inspirer des créateurs»

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A Bordeaux, l’association «Coquilles» collecte et valorise les déchets d’huîtres et d’autres bivalves pour les transformer en compost calcaire pour l’agriculture et peut être bientôt en biomatériau pour le design.
«Nous avons récolté 4,1 tonnes de déchets coquilliers sur les deux semaines des fêtes de fin d’année avec 31 points de collecte», se réjouit Bénédicte Salzes, cofondatrice de l’association Coquilles. (eric laudonien/Getty Images)
publié le 20 janvier 2023 à 0h02
Transports, rénovation industrielle, végétalisation… En 2023, Libé explorera la thématique de la transition écologique lors d’une série de rendez-vous inédits. Objectif : trouver des solutions au plus près des territoires. Première étape, Bordeaux, les 4 et 5 février (entrée libre sur inscription). Un événement réalisé en partenariat avec la ville de Bordeaux, le département de la Gironde, l’université de Bordeaux, le Crédit Coopératif, Velux, la Plate-forme d’observation des projets et stratégies urbaines (Popsu).

Les derniers bacs emplis de coquilles d’huîtres, de Saint Jacques et de coques ont été acheminés le 9 janvier sur le quai de Brazza, sur la rive droite de Bordeaux. Ils vont passer au moins six semaines dans une zone de stockage où ils seront lavés par la pluie et nettoyés par les insectes. Une fois concassées, ces coquilles calcaires serviront, comme peut le faire la chaux, à amender les sols acides des vignobles du Médoc ou les terres agricoles du Val de l’Eyre, en Gironde. «Nous avons récolté 4,1 tonnes de déchets coquilliers sur les deux semaines des fêtes de fin d’année avec 31 points de collecte», se réjouit Bénédicte Salzes, cofondatrice de l’association Coquilles qui récupère et valorise ces enveloppes calcaires.

Pour sa deuxième année de véritable collecte sur la période des fêtes de fin d’année, l’association a plus que doublé le nombre de points où les particuliers sont invités à déposer leurs déchets coquilliers. «Nous avons convaincu deux nouvelles communes de l’intérêt de l’opération» poursuit la quadragénaire. Ainsi Le Taillan-Médoc et Saint-Jean-d’Illac ont rejoint Bordeaux et Le Bouscat dans le dispositif de recyclage. Avec Ellande Barthélémy, cofondateur de Coquilles, Bénédicte Salzes espère désormais rallier d’autres communes et surtout la métropole de Bordeaux, qui dispose de la compétence déchets. Pour mener à bien son projet, l’association travaille avec les Détritivores, une coopérative de collecte de biodéchets qui emploie des personnes en insertion. «L’approche environnementale et sociétale de ce type de structure me plaît. Aujourd’hui nous stockons les coquilles chez les Détritivores mais en 2023 nous voulons trouver un terrain où nous installer. Nous aimerions nous regrouper avec d’autres structures de l’économie sociale et solidaire spécialisées dans les déchets pour réaliser des synergies», explique la jeune femme qui s’est lancée dans l’aventure de Coquilles en 2019.

Le nouveau lieu pourrait aussi accueillir le concasseur que l’association projette d’acheter alors que le broyage des coquilles est aujourd’hui réalisé par une société extérieure. «Il faut aussi trouver un modèle économique pour notre projet et développer des filières de valorisation à plus forte valeur ajoutée que l’amendement calcique [l’apport en calcium pour l’agriculture, ndlr] Le béton, avec des coquilles concassées en lieu et place du sable, est une piste. «Nous sommes partenaires de l’université de Bordeaux qui a mis au point une première étude. Avec des propriétés mécaniques moins performantes que celles d’un béton classique, le béton coquillé est plutôt destiné à la fabrication de mobilier. C’est un beau matériau, avec la coquille bien visible. Il peut inspirer des créateurs», explique la jeune femme qui fait réaliser un prototype de banc avec des pieds en béton coquillé et une assise en bois de réemploi par une étudiante en design. Bénédicte songe aussi à lancer un inventaire des déchets locaux. «On pourrait imaginer des substrats à base de déchets de coquillages mais aussi de marc de café, de copeaux de bois ou de briques usagées pour végétaliser les toitures et les chaussées de la ville.» De nouveaux projets pourraient bien sortir de leur coquille.