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70 % des personnes les plus pauvres dans le monde sont des femmes. Et en France, parmi les ménages les plus pauvres figurent les familles monoparentales dont 80 % sont dotées d’un parent qui est une femme. Ces ménages sont souvent ceux qui, faute de moyens, sont confrontés à la malbouffe, vivent dans les logements les plus sujets à la précarité énergétique, à proximité de zones industrielles ou des axes routiers les plus pollués. Ils ont plus de difficultés à se soustraire aux phénomènes climatiques extrêmes tels que les canicules.
Lors de la canicule de 2003, la surmortalité a davantage touché les femmes que les hommes, en hausse de 70 % pour femmes contre 40 % pour les hommes. Les femmes enceintes sont également particulièrement vulnérables aux épisodes de chaleurs extrêmes qui provoquent chez elles une hausse des accouchements prématurés.
Les femmes sont aussi les premières à mourir en cas de catastrophes naturelles, en particulier dans les pays du Sud. Les chiffres sont assez édifiants. Lors du tsunami de 2004 dans l’océan Indien, 70 % des personnes mortes étaient des femmes. 80 % des victimes du cyclone Sidr au Bangladesh, en 2007, et 90 % des victimes des inondations liées au typhon sur les îles Salomon en 2014 étaient des femmes. Assignées aux fonctions de soin à la famille, moins mobiles que les hommes qui disposent de la voiture le plus souvent, elles tendent à rester sur place lors de catastrophes, notamment pour s’occuper des personnes vulnérables de leur entourage, des enfants, des personnes âgées ou des personnes en situation de handicap.
Les femmes, plus affectées par les effets du dérèglement climatique et moins émettrices de gaz à effet de serre que les hommes, sont pourtant moins associées à l’élaboration des solutions. Ainsi, seulement 35 % de femmes étaient présentes dans les délégations à la COP26 et les femmes ne représentent que 18 % des emplois de la transition écologique en France (énergie, transport, agriculture, construction, etc.). Et pour cela, les stéréotypes de genre doivent être combattus dès l’école. Dès l’orientation scolaire, les filles doivent être encouragées à intégrer les filières scientifiques et techniques et les garçons celles des métiers du soin, du care, dont ils sont les grands absents.
Les décideurs publics doivent être également attentifs à rendre la participation citoyenne plus inclusive et notamment à adapter le temps du débat démocratique en tenant compte des contraintes pesant sur les femmes (horaires des réunions, gardes d’enfants…), mettre en place des outils de participation plus favorables aux femmes (prise de parole alternée, ateliers non mixtes, réunions à distance…).
Mieux connaître l’impact différencié du dérèglement climatique est aussi un moyen d’identifier et d’apporter des solutions plus fines et plus pertinentes, en particulier dans un contexte où les statistiques sexospécifiques demeurent largement absentes des études et enquêtes publiées et où la recherche, notamment les rapports du Giec ou les scénarios de transition, n’intègre que très peu ce genre de données.
Les femmes ne doivent pas rester les grandes oubliées des politiques publiques de transition écologique.