Alors que notre planète brûle, certains détournent le regard. Backlash écologique, trumpisation, contingences politiques du moment, les politiques de transition semblent disparaître des radars. Et si l’essentiel se jouait ailleurs, dans la mobilisation des territoires et des grands bassins de vie par exemple, qui disposent de leviers certes limités mais décisifs : mobilités, énergies, habitat, économie, en plus d’une vraie proximité avec les acteurs locaux ? Dans bien des métropoles de France, le choix est fait de ne pas attendre, de regarder le défi en face et d’agir, collectivement. Bien sûr tout n’est pas parfait, beaucoup dépend des soutiens et crédits nationaux ou européens. Mais ce qui se construit alors, avec les habitants, les communes, les associations, les entreprises, permet d’engager une trajectoire vers une transition sociale et écologique pleinement intégrée à la démocratie locale.
A la métropole de Rouen, notre situation est particulière. Dès 2018, mes prédécesseurs avaient lancé la première COP territoriale de France, qui s’était conclue par la signature de l’accord de Rouen pour le climat, bien avant que d’autres collectivités ne s’en inspirent. Depuis, nous avons connu un accident industriel majeur en 2019, qui a agi paradoxalement comme un accélérateur : nos concitoyens exigent aujourd’hui davantage encore une transparence totale et un travail de fond solide, pour faire cohabiter la ville, l’écologie, l’économie, l’humain. C’est le chemin que nous avons décidé d’emprunter.
Vision et rassemblement
A travers l’accord de Rouen pour le climat #2 que nous signons ce mardi 30 septembre avec les élus locaux dans leur diversité, des représentants de la convention citoyenne des transitions de la métropole, l’ensemble des écosystèmes locaux et le monde de la recherche, mobilisé dans un Giec local, nous entrons dans une deuxième étape plus ambitieuse encore. Notre conviction est simple : la transition écologique doit être sociale, partagée, le plus largement possible. Aucun changement durable ne se fera sans les habitants. Nous construisons ensemble des feuilles de route concrètes pour le climat, la biodiversité, l’énergie, la qualité de l’air. C’est cela, une démocratie vivante : porter un cap clair, fédérer, agir ensemble, évaluer, réagir. La transition écologique peut (et doit) être un moteur de réinvention démocratique.
Tribune
Neutralité carbone à horizon 2050, rénovation des logements, nouveaux objectifs de diminution des émissions de gaz à effet de serre, préservation de la biodiversité, adaptation aux vagues de chaleur et aux risques climatiques, lutte contre la précarité énergétique et alimentaire, le travail s’appuie sur une coalition d’acteurs massivement mobilisés. Parallèlement nous lançons la révision de nos documents d’urbanisme, engageons une mutation profonde des mobilités (gratuité des transports en commun, pistes vélo, covoiturage) qui a provoqué une diminution conséquente des polluants atmosphériques. Là encore, nous nous appuyons sur les outils de la concertation citoyenne. Résultat : dans la métropole de Rouen, en cinq ans, la pollution de l’air (oxydes d’azote) a été divisée par deux, soit la meilleure progression de France.
Dans un monde fragmenté et anxiogène, nous avons besoin de vision et de rassemblement. Plutôt que d’attendre des impulsions nationales parfois désincarnées et imprécises, les grandes agglomérations ont la faculté d’écrire ce récit à plusieurs mains, en associant acteurs et citoyens. Les politiques d’avenir ne pourront se construire autrement.