Rencontres, débats, Ciné débat et animations pédagogiques... L’édition 2025 du festival «Naturellement!», organisé par la Fédération Biogée du 3 au 5 octobre, aura pour thème «Quelle alimentation pour la santé de demain?»
Depuis qu’elle a quitté la ferme du Bec Hellouin, Perrine Bulgheroni œuvre pour une agriculture en accord avec la nature et les êtres humains. Et compte bien développer le secteur en dépit des difficultés actuelles et du recul du bio.
Quoi de neuf depuis la ferme du Bec Hellouin ?
«Je l’ai quittée, il y a trois ans et depuis je me balade de ferme en ferme pour aider à l’émergence de modèles différents. Malheureusement il y a eu un grand coup d’arrêt avec le Covid. Avant, on avait un développement relativement important des microfermes, souvent du maraîchage, parfois du petit élevage, des fermes logées dans leur territoire avec pour but de nourrir les habitants et non pas de produire pour l’agroalimentaire. Mais depuis le Covid, le marché du bio s’est effondré. Les petits producteurs qui ont une clientèle fidèle s’en sortent mais pour ceux installés peu juste avant la pandémie, c’est la catastrophe.»
Quelles sont les difficultés rencontrées ?
«C’est un ensemble. Le prix des matières premières a augmenté, les coûts d’installation également, les consommateurs se sont détournés du bio, du local un peu. Tout cela est remis en question. Les dépenses d’alimentation à la maison ont été le premier poste de réduction du budget des ménages. Dans ces circonstances, les clients font moins d’effort, cherchent moins à s’approvisionner à droite, à gauche. Avec ces difficultés de commercialisation, le mouvement des microfermes a bien pris un coup, alors si on ajoute le dérèglement climatique, ça fait beaucoup pour elles ! Après on sait que c’est cyclique, qu’il faut tenir, faire le dos rond et se réinventer. Car l’enjeu n’est pas uniquement pour les porteurs de projet, ces questions concernent la souveraineté alimentaire du pays et son économie agricole. Sans parler de l’urgence climatique.»
Quelles solutions se profilent ?
«Comme s’installer seul est devenu trop compliqué, des projets coopératifs et mutualistes émergent. Cela permet une commercialisation plus efficace, ainsi qu’une meilleure utilisation du foncier. J’ai entamé un projet de recherche auprès d’une ferme située vers Reims que j’accompagne. Un jeune a hérité de l’exploitation de ses parents, 180 hectares de céréales et betteraves en conventionnel. Il veut changer le modèle, faire entrer des collègues pour montrer une structure coopérative et mutualiste avec des fruitiers, de l’élevage à côté. L’idée est d’en faire un cobaye de la transition agroécologique. Les questions sont nombreuses : comment on se passe de produits phytosanitaires, on applique le non-labour, on plante des arbres, on cultive la biodiversité et on s’inquiète constamment de la qualité de ses sols et de l’eau. Aux côtés d’autres chercheurs, nous aimerions documenter ces changements et en partager le mode d’emploi.»