C’est un bel album, nourri de grands dessins, qui a décidé de faire de l’écologie un «récit». «L’écologie est le seul salut, écrit Simon, dessinateur inspiré, auteur de superbes albums sur Angkor ou la Chine. Nous le savons, et nous continuons à faire comme si de rien n’était. Nous continuons à voter pour des politiciens qui ne comprennent rien aux coquelicots […] à prendre l’avion pour assouvir nos démangeaisons touristiques […] et nous pleurnichons sur la disparition des espèces, le saccage de la forêt équatorienne et le crachat quotidien de plastique dans les océans.»
Les Verdoyants sont des «résistants» à l’ordre funeste du monde actuel que Simon a rencontrés, des «créateurs délicats d’oasis heureuses».» Et l’occasion pour l’auteur d’une demi-douzaine de portraits intimistes superbement illustrés.
«Même si je ne pêche rien, c’est pas grave, j’observe…»
On croise ainsi Jean-François, l’ami de toujours, l’amoureux des légumes qu’il cultive avec passion. Le photographe se souvient «des frelons de Charente. […] J’en étais un sacré tueur, à l’époque, un tueur en série. Je les tuais à distance : d’un jet d’argile, je les écrasais contre le tronc du néflier, quand ils sortaient du nid […] Aujourd’hui, je n’assomme plus que les frelons asiatiques.»
Et puis voilà Titi, qui avait pour habitude, enfant, d’aller à la pêche avec son père et qui a «continué». «Mon père était très proche de la nature. Il y avait aussi une mare, à 200 mètres de chez moi. Il y avait de la perche, de la carpe, du gardon. Un peu de tout. La pêche, c’est vraiment un moment paisible, où j’observe. Même si je ne pêche rien, c’est pas grave, j’observe… la libellule qui se pose, le poisson qui se repose. Cela m’inspire beaucoup dans mon boulot de sculpteur : la faune, la flore autour de l’eau douce.»
Au hasard des pages, on apprend aussi que 60 % des vêtements produits sur terre ne sont portés qu’une fois, et que, comme dit Jeanne, qui travaille dans une ressourcerie, «dans l’état actuel des choses, cela n’a plus de sens d’acheter des habits neufs. La quantité de vêtements existants suffit. Bon, ce n’est pas forcément vrai, parce que c’est de très mauvaise qualité ce qu’ils font, les habits de maintenant, ils sont beaucoup moins faits pour durer».
«On a tous des jardins secrets»
Enfin, entre en scène Li, à propos d’un jardin : «Il y a deux adjectifs qui sont accolés au mot jardin, c’est partagé et secret. Deux choses presque antinomiques ; on a tous des jardins secrets, qui sont souvent des jardins intérieurs, des jardins imaginaires, et à l’opposé, on a le jardin partagé, les jardins des partages.»
Et pour conclure, une petite envolée de François-René de Chateaubriand. «Le printemps, en Bretagne est plus doux qu’aux environs de Paris, et fleurit trois semaines plus tôt. Les cinq oiseaux qui l’annoncent, l’hirondelle, le loriot, le coucou, la caille et le rossignol, arrivent avec des brises qui hébergent dans les golfes de la péninsule armoricaine. La terre se couvre de marguerites, de pensées, de jonquilles de narcisses, d’hyacinthes, de renoncules, d’anémones.»
Vous m’apprendrez les noms de ces oiseaux et de ces fleurs pour le début du mois de mars…