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Libération
24h de Libé

50 ans de «Libé» vus par… François Hollande : «Nous avons vieilli ensemble»

Grand lecteur de presse et (seulement) deuxième président de gauche de la Ve République, l’ancien chef de l’Etat s’est payé le luxe de ne jamais accorder d’interview à «Libération» pendant tout son quinquennat.
publié le 11 novembre 2023 à 11h30

Pour ses 50 ans, Libé s’installe ce samedi 11 novembre à la Cité de la Musique pour 24 heures de festival. Au programme : débats et rencontres pour décrypter l’actualité, découvrir les coulisses du journalisme et réfléchir à la marche du monde. Mais aussi des masterclass, des spectacles vivants et des concerts…

Quand on lui demande son avis sur Libé, François Hollande commence à regarder en arrière ; son premier lien avec notre canard, c’était dans les années 70. «Le journal était dans une forme assez militante. Jean-Paul Sartre était l’icône du journal et pour moi qui étais dans une génération en lutte contre un pouvoir qui paraissait s’imposer depuis des années, Libération faisait partie de ces voix nouvelles, dit-il dans un premier temps. On n’en partageait pas les orientations ou les formes d’actions mais c’était un journal de liberté plus qu’un journal libertaire. A une époque où la presse était plus riche qu’en ce moment, où il y avait de nombreux titres, il y avait peu de journaux, et notamment de quotidiens qui étaient à gauche et qui représentaient une voix. Libération est apparu alors que la gauche politique n’était pas encore structurée et les événements de 68 étaient encore dans les esprits.» C’est tellement beau.

On oublierait presque qu’il n’a donné aucun entretien à Libé durant son passage à la tête du pays. François Hollande a répondu à tous les journaux de la place et à toutes les gazettes des terroirs mais pas un seul entretien à Libé pendant son mandat à l’Elysée. Il nous disait toujours «oui bientôt» pour nous endormir. L’ancien président de la République nous flatte. Il lit Libé tous les jours, un lecteur assidu. Des mots d’amour. «Oui. Libé et moi, nous avons vieilli ensemble comme on dit dans les couples.» Il y a tout de même un bémol. Il porte un nom et un prénom : Jean-Luc Mélenchon. Tiens, tiens. Nous sommes trop méchants avec l’insoumis ? «Il y a peut-être une espèce de regard sur la France insoumise et Mélenchon qui est un peu trop bienveillant. Et un oubli de ce qu’est la gauche réformiste. La culture de Libération à partir des années 80, c’était de faire vivre des positions qui pouvaient être contradictoires. On a besoin de débats au sein de la gauche. Libération a peut-être pensé que l’électorat de gauche avait choisi son camp. Ce que je ne crois pas. Et la gauche y perd.» Pas seulement la gauche. Nous aussi. Jean-Luc Mélenchon nous gronde parce qu’il nous trouve trop sévère avec lui ; François Hollande nous reproche d’être trop gentils avec Jean-Luc Mélenchon. Tournez manège.