Pour ses 50 ans, Libé s’installe ce samedi 11 novembre à la Cité de la Musique pour 24 heures de festival. Au programme : débats et rencontres pour décrypter l’actualité, découvrir les coulisses du journalisme et réfléchir à la marche du monde. Mais aussi des masterclass, des spectacles vivants et des concerts…
«Libé avait l’âge de raison quand j’ai vu le jour, j’ai aujourd’hui l’âge raisonnable de dire la place que le journal a dans ma vie. Je n’ai pas connu le combat qui l’a fait naître. Il existait depuis toujours, comme une pierre dans mon tiroir. Deux rubriques m’obsédaient, adolescente : la première était la page «Entre nous» : transports amoureux, messages personnels, vies d’adultes aux sentiments troubles, occasions manquées, initiales intrigantes. Initiales qui avaient un jour été à l’origine d’un orage personnel (je le raconterai peut-être un jour dans un film). Et bien sûr pour la cinéphile que je suis, le cahier critiques, plus brûlant encore pendant le Festival de Cannes, qui s’apparentait à un rendez-vous d’amour un chouïa flippant. Je n’ai jamais voulu considérer la critique comme un horoscope, ni la croire que lorsqu’elle était positive. Et même si je sentais confusément trois registres – ceux ou celles qui écrivent pour les lecteurs, ceux qui s’adressent aux cinéastes, ceux enfin qui n’écrivent que pour leurs confrères –, tous en disaient long sur eux-mêmes et ce dialogue était fécond, fair-play. Il m’a construite. Il m’a aussi permis de continuer une carrière qui, si elle s’en était tenue au seul verdit du public, se serait arrêtée probablement tôt. Je ne peux mieux résumer aujourd’hui ce que représente le journal à mes yeux qu’en accolant ces deux rubriques aimées : cet entre nous, fort heureusement critique.»