Le Kilimandjaro, plus haute montagne d’Afrique, n’était pas dans son ADN, et il s’attendait à la gravir avec «des instits en retraite». Pourtant, l’ascension menée par l’écrivain et scénariste Yves Exbrayat (dont on a chroniqué le dernier roman) s’avéra finalement être l’une de ses plus belles expériences. A tel point qu’il décida, après coup, d’en faire un livre : Lili au Kili. Quand «la fiction rejoint la réalité qui rejoint elle-même la fiction», l’œuvre du romancier et de Linda Jay, dont le pinceau illustre le récit, n’est pas «un carnet de voyage classique où chacun raconte son expérience personnelle», explique l’auteur, rencontré lors du salon du livre de la 23e édition du Grand Bivouac d’Albertville.
On y suit Lili, une parisienne d’une trentaine d’années, en quête d’un voyage «plus dépaysant, sans être trop sauvage et engagé». Rédigé en partie en alexandrin, ce roman est une ode à l’authenticité et aux voyages; une histoire à la fois amusante et inspirante. Rappelant pour les plus littéraires la plume d’Edmond Rostand, pour les cinéphiles le phrasé de maître Yoda, et pour les amateurs de slam, les textes de Kery James; les vers d’Yves Exbrayat font chanter les pages du livre. Un défi que s’est lancé l’auteur pour apporter musicalité et rythme à ce récit pas comme les autres.
Les aquarelles aux teintes rougeâtres de Linda Jay rappellent, elles, l’argile et le fer présents dans la terre du Kilimandjaro, ouvrant les portes de l’imagination. L’occasion de découvrir une faune et une flore luxuriantes, ainsi que les portraits des hommes et femmes qui peuplent cette montagne.
Au fil des pages, on découvre ainsi les anecdotes de l’ascension, des sujets plus sérieux comme le réchauffement climatique : «À côté de la trace, des séracs fort instables, prêts à s’effondrer, rendaient incontestable la fonte impressionnante de la neige d’antan, ultime souvenir du sourd dérèglement», ou encore la préservation d’écosystèmes fragiles, soumis à la mondialisation et à la commercialisation des sommets.
Un regard amusé, parfois ironique, mais toujours tendre et plein de sincérité. Un texte mêlant aventure, dépassement de soi et réflexions sur le monde, tout en offrant une lecture poétique. Le début «d’une passion nouvelle pour les sommets du monde, suivant le pas du vieux aux manies vagabondes» ?