La question de la viande, Corinne ne se la pose plus depuis des années maintenant. «Chez moi le sujet a été bouclé dans une autre vie», s’amuse l’hôtesse de caisse en grande surface : il s’agit d’un luxe qu’elle ne s’octroie que lorsqu’elle se rend au marché de son quartier, quand son budget le lui permet. «Je préfère moins en manger que consommer de la viande qui a fait des dizaines de milliers de kilomètres pour atterrir dans mon assiette», insiste cette quinquagénaire énergique et souriante.
La viande et son poids environnemental sont au cœur de la question, pour Pascale Hébel, directrice associée au sein du cabinet de conseil C-Ways. Depuis son Nord natal et son poste de travail «privilégié», Corinne est aux premières loges pour constater l’augmentation des prix de l’alimentation quotidienne. En scannant des centaines d’articles chaque jour, elle assiste aux changements d’habitudes alimentaires des Français. «Avec les collègues, on se rend compte chaque jour qu’il y a les consommateurs qui peuvent se faire plaisir, et ceux qui ne le peuvent pas et se contentent du strict nécessaire», note-t-elle.
Pascale Hébel fait le même constat que Corinne : les crises économiques et les chocs inflationnistes comme celui que subit la France – et le reste de l’Europe – ont un effet direct sur l’alimentation des consommateurs les plus modestes, notamment les jeunes de 18 à 24 ans. Les produits alimentaires composent «le premier poste de dépenses sur lequel l