Energie, transports, rénovation durable, végétalisation… En 2023, Libé explore la thématique de la transition écologique lors d’une série de rendez-vous inédits. Objectif : témoigner des enjeux et trouver des solutions au plus près des territoires. Quatrième étape à Dunkerque, les 13, 14 et 15 octobre.
Afin de transformer notre industrie, nous devons revoir en profondeur notre système de formation initiale comme continue. Toutes les filières et tous les cursus devront se transformer radicalement pour adapter leur contenu pédagogique à une économie qui s’inscrit dans les limites planétaires.
Avec le collectif Pour un réveil écologique, nous travaillons depuis 2018 avec les directions d’établissements de l’Enseignement supérieur et de la recherche (ESR), pour transformer les maquettes pédagogiques à l’aune de l’urgence écologique et sociale. Nous appelons aujourd’hui le gouvernement à formuler un plan qui s’adresse sérieusement au système de formation initiale et continue dans son ensemble, pour répondre à l’ampleur de la transformation. Le plan «Industrie verte» nous paraît tout à fait insuffisant concernant la formation : aucune proposition concrète sur l’évolution du contenu pédagogique de l’enseignement supérieur, aucune annonce de formation des enseignant·es et personnels qui travaillent dans l’ESR (lire le PDF). Enfin et surtout, il n’y a aucune mesure présentant des moyens financiers et humains pour transformer les établissements, si ce n’est par leur mise en concurrence à travers des appels à projet. La transformation de notre système de formation nécessitera bien plus que des mesures ponctuelles et des appels à projet, qui n’ont, dans un cas comme dans l’autre, aucun moyen associé sur le long terme, et qui ne modifieront qu’en surface les formations proposées.
Notre tissu industriel doit évoluer en étant guidé par l’intérêt écologique et social. La transition écologique impose de revoir nos modes de production, notre rapport à la nature ainsi que les indicateurs utilisés pour amorcer la transition vers une industrie plus sobre, qui répond à un besoin. Cela induit trois axes de transformation de l’industrie : le développement de nouvelles filières (voir le site), la baisse d’activité voire la fin de certaines activités incompatibles, et la réduction de l’impact des usines existantes utiles à la transition. La formation et le marché de l’emploi sont donc amenés à être modifiés en profondeur, pour organiser la réallocation de la force de travail vers les chantiers de la transition. Nous identifions ici la nécessité d’un travail de fond pour déterminer et valoriser les compétences et les métiers de la transition écologique, en associant toutes les parties prenantes, et à toutes les échelles. Cela implique que la formation initiale, mais aussi la formation continue, au niveau des différents bassins d’emplois, participent à la reconversion totale ou partielle de travailleur·ses, afin de ne laisser personne avec une qualification ou un emploi «échoué».
Nous devons nous donner les moyens financiers et humains pour accompagner cette transformation tout en ayant des objectifs clairs et ambitieux, tant sur le plan écologique que social.