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Climat Libé Tour Nantes: intiative

L’Orgoptère, une scène de spectacle mobile, amphibie et sans carbone

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La compagnie Vibrato mécanique a créé l’«Aquaterra Orgoptère», un vaisseau artistique fluviale et terrestre, pour faire évoluer les pratiques des artistes.
Vue modélisée du l'Orgoptère, véhicule amphibie et modulaire. (DR)
publié le 8 novembre 2023 à 16h46
(mis à jour le 13 novembre 2023 à 14h08)
Energie, transports, rénovation durable, végétalisation… En 2023, Libé explore la thématique de la transition écologique lors d’une série de rendez-vous inédits. Objectif : témoigner des enjeux et trouver des solutions au plus près des territoires. Cinquième étape à Nantes les 18 et 19 novembre.

Simon Berger est le fondateur de la compagnie Vibrato mécanique, fondée en 2015. Un lieu de rencontre magique, «un chaudron d’où sortent des machineries musicales délirantes et quasiment vivantes. Ce sont des musiciens qui aiment partager leur joie de vivre, des clowns comme créateurs de lien humain», détaille leur site. Le responsable du projet «Aquaterra Orgoptère» (un vaisseau artistique fluvial et terrestre, sans émission carbone) raconte volontiers son parcours : «On fait du théâtre de rue. A la base, je suis ingénieur, reconverti dans l’environnement, puis dans le théâtre de rue. Je mélange mes compétences d’ingénieur en fabriquant des machineries de spectacle. Je suis magicien et clown.»

Le nom de son engin, d’inspiration vivante, est donc l’«Orgoptère». Un véhicule amphibie qui va sur l’eau et sur terre, qui dispose de panneaux solaires sur le toit pour fabriquer son énergie. C’est à la fois une scène de spectacle et un habitat pour les artistes en tournée. La partie tribord s’ouvre et constitue une scène, tandis que le côté bâbord accueille un lit deux places.

«Des tournées sans pétrole»

«L’idée est que ce soit modulaire, détaille Simon Berger, comme une chenille avec ses anneaux. On peut ajouter des modules et avoir une scène plus ou moins grande. L’idée est de partager avec d’autres compagnies. C’est un outil de travail, un peu comme des grosses machineries vivantes, qui sont une scène de spectacle et un moyen de faire des tournées sans pétrole, à la campagne. On peut aller aussi le long des voies navigables, de Nantes à Brest et sur la Vilaine. On a fini de construire notre Orgoptère en mai dernier. On va effectuer des tests en novembre avant le Libé Tour nantais. Quand ils nous croisent, les gens disent : «Ça flotte ? Vous êtes sûr ?» [rires].»

«On s’inscrit dans une démarche vraiment globale pour réfléchir à nos métiers d’artistes et voir comment on peut faire évoluer nos pratiques. On fait partie du réseau Armodo, qui regroupe une centaine de compagnies sur la mobilité douce [tournée en roulotte, avec un âne bâté, en voilier, en train, ndlr]. Le fonctionnement culturel et institutionnel est sur de vieux formats et c’est pour cela qu’on se fédère pour faire changer les choses.»

Christine Spraül, chanteuse et codirectrice artistique, complète : «Notre métier, c’est la musique et le théâtre de rue. Le point de départ a été une grosse tournée d’été. On s’est rendu compte qu’on avait donné 40 % de nos revenus au lobby du pétrole, via les autoroutes ! C’était un itinéraire incohérent. Le samedi à Nice, le dimanche à Toulon, et le mercredi à Roubaix… Cela pose des vraies limites. On finit par être plus des routiers que des artistes ! On s’est donc demandé ce qu’on pourrait faire pour améliorer les choses. On a donc imaginé ce bateau qui roule. Un prototype destiné à évoluer. A terme, l’idée est bien de faire une salle de spectacle qui se déplace. Pour amener de l’onirisme dans les campagnes, sans que le public fasse des dizaines de kilomètres pour nous rencontrer.»